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Prévention du suicide en détention

Publié le 17 octobre 2018

L’administration pénitentiaire se mobilise

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5 minutes

L’administration pénitentiaire poursuit sa politique volontariste de prévention du suicide en détention, mise en place dès 1967, et qui s’est traduite, en 2009, par la mise en œuvre d’un grand plan national d’actions de prévention du suicide des personnes détenues. C’est notamment dans ce cadre que le dispositif des codétenus de soutien (CDS) a été expérimenté au sein de plusieurs établissements pénitentiaires. Ce dispositif est en cours d’extension dans les sites de plus de 600 places.

Quelles sont les principales mesures prises en détention afin de prévenir le suicide des personnes détenues ?

L’administration pénitentiaire participe à la Stratégie nationale de prévention du suicide mise en œuvre par le ministère des solidarités et de la santé, ainsi qu’aux travaux de l’Observatoire national des suicides, installé le 10 septembre 2013.

Un plan d’envergure a été signé le 15 juin 2009. Il comporte 20 mesures, articulées autour de 5 grands axes :

  • le renforcement de la formation des personnels pénitentiaires à l’évaluation du potentiel suicidaire (en ciblant en priorité les personnels affectés dans les quartiers de détention les plus sensibles, notamment le quartier arrivants),
  • l’application de mesures particulières de protection pour les personnes détenues en crise suicidaire (dotations de protection d’urgence composées de couvertures indéchirables et de vêtements déchirables et jetables, cellules de protection d’urgence, interphones, etc),
  • le développement de la pluridisciplinarité au sein de la détention (commission pluridisciplinaire unique régulière dédiée à la prévention du suicide notamment),
  • la lutte contre le sentiment d’isolement au quartier disciplinaire (procédure d’accueil, accès au téléphone et mise à disposition de postes radio),
  • la mobilisation de l’ensemble des membres de la « communauté carcérale » (intervenants, associations, famille, codétenus, autorités judiciaires et partenaires du ministère de la justice.

Six ans après son entrée en vigueur, en 2015, ce plan a fait l’objet d’un audit conjoint de l’inspection générale des services judiciaires et de l’inspection générale des affaires sociales.

Le ministère de la justice s’est attaché, dès la diffusion du rapport d’audit en septembre 2015, à mettre en œuvre ses 22 recommandations.

>> Pour en savoir plus sur les textes de référence sur la prévention du suicide, cliquez ici

>> 2e rapport de l’observatoire national du suicide : Suicide – Connaître pour prévenir : dimensions nationales, locales et associatives (février 2016) : présentation de la politique prévention du suicide des personnes détenues (page 166)

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Y a-t-il des dispositifs en cours d’expérimentation en détention ?

Le dispositif des codétenus de soutien (CDS),dont l’expérimentation a débuté en mars 2010, est actuellement mis en oeuvre dans treize établissements pénitentiaires : centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, maison d'arrêt de Strasbourg et maison d'arrêt de Villepinte (depuis 2010), centres pénitentiaires de Saint-Denis La Réunion et de Toulon La Farlède (depuis 2012), centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse (2013), le centre pénitentiaire de Fresnes (mars 2015), centre pénitentiaire de Marseille, centre de détention de Salon (2016), maison d’arrêt de Nice, centre pénitentiaire de Béziers, centre de détention de Tarascon et le centre de détention Le Port (2017). D’autres établissements en préparent également le lancement, notamment ceux d’une capacité d’accueil de plus de 600 places.

Les codétenus de soutien constituent à part entière des acteurs de la prévention du suicide. Leur action est complémentaire à celle de l’ensemble des personnels et des intervenants. Leur mission consiste à écouter et repérer des codétenus en situation de souffrance psychologique.

Choisis sur la base de critères précis , les CDS reçoivent une formation aux gestes de premiers secours, à la détection des risques suicidaires et à l’écoute active.

Les CDS sont accompagnés dans leur mission par des bénévoles de la Croix-Rouge française.

>> Pour en savoir plus sur l’accompagnement par la Croix-Rouge française, cliquez ici

>> Pour voir la plaquette de présentation du dispositif, cliquez ici

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Quelle est l'évolution du nombre de suicides en détention ?

Le plan d’actions de 2009 a donné lieu à une réelle prise de conscience des professionnels sur la problématique du suicide des personnes détenues, et d’installer durablement une vigilance accrue à cet égard.

Entre 2009 et 2017, le nombre de suicides en détention, en données brutes, est passé de 115 à 99. La diminution non négligeable du nombre de suicides en détention entre 2016 et 2017 mérite également d’être relevée (99 passages à l’acte suicidaires ont été relevés en 2017, contre 118 en 2016). Cette baisse du nombre de suicide est d’autant plus remarquable qu’elle se situe dans un contexte de forte augmentation de la population pénale.

Le taux de mortalité par suicide en détention, calculé à partir de la population moyenne écrouée hébergée, a baissé de 4 points (de 18,4 à 14,3%oo) de 2009 à 2017, et de 3 points entre 2016 et 2017 (passant de 17,3 en 2016 à 14,3%oo en 2017).

Taux de suicide pour 10 000 personnes écrouées

>> Pour connaître l'évolution des chiffres du suicide avant 2009 : cahiers démographiques n°22
>> Voir les chiffres clés de l'administration pénitentiaire au 1er janvier 2018
>> Fiche 8 du 1er rapport de l’observatoire national du suicide : « Le suicide des personnes détenues en France »

Les conseils aux proches face à une personne détenue en souffrance

Vous êtes un proche ou un membre d’une famille de personne détenue ? Certains signes peuvent vous permettre de repérer une crise suicidaire.

Quels sont les signes d’un possible passage à l’acte ? Comment les repérer ?

Les personnes qui pensent au suicide donnent généralement des signes de détresse ou des indices sur leurs intentions, qui peuvent alerter leurs proches, leurs amis ou leurs parents.

Ces signes peuvent prendre plusieurs formes :

  • L’expression d’idées et d’intentions suicidaires directes ou indirectes : «Je veux en finir», «Je vais me tuer», «Vous seriez tellement mieux sans moi», «Je suis inutile», «J'ai tout raté dans ma vie», «Les choses vont s'arranger», «Vous vous ferez moins de soucis pour moi», «Je ne vais pas vous embêter plus longtemps», «Je ne vais pas rester longtemps ici»…
  • Des comportements ou des états susceptibles de témoigner d’une détresse suicidaire : avoir des troubles du sommeil, insomnie, fatigue, perte de l’appétit, négliger son apparence et son hygiène, être en retrait, découragement, être triste, sentiment d'impuissance, désespoir, mettre de l’ordre dans ses affaires personnelles, donner des objets personnels...

Tous signes de cet ordre sont à prendre au sérieux.

Les premières attitudes recommandées sont les suivantes : l’entourage proche doit essayer d’établir une relation de confiance en adoptant une attitude bienveillante, d’écoute et de dialogue.

>> Pour lire toutes les recommandations éditées par le ministère des affaires sociales et de la santé,cliquez ici

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Que peut faire un proche d'une personne détenue en souffrance ?

 «En parler peut sauver»

La famille et les proches, lorsqu'ils perçoivent un signe de souffrance de la personne détenue, doivent faire un signalement aux personnels de l'établissement : personnel de surveillance des parloirs, personnels d'insertion et de probation, ou de direction. Ils peuvent également s'adresser aux personnels des locaux d'accueil des familles.

La «boîte aux lettres verte», installée dans la majorité des établissements au niveau des parloirs ou des locaux d'accueil des familles, permet aux familles de faire part, par écrit, de leurs inquiétudes concernant leurs proches en détention aux responsables de l'établissement pénitentiaire. Un retour leur est fait après l'intervention menée à la suite de leur signalement.

D'autres outils locaux de communication (adresse électronique structurelle, ligne téléphonique AZUR) peuvent exister au sein des établissements.

Les textes de référence en matière de prévention du suicide

>> Circulaire Santé/justice du 26 avril 2002
>> Rapport du Professeur Jean-louis TERRA
>> Le plan d’actions ministériel du 15 juin 2009

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