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"Assurer le lien entre justice et protection de l’enfance"

Publié le 14 décembre 2017

Entretien avec Marie DERAIN, mise à disposition du CNPE par la PJJ

Marie Derain

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4 minutes

Depuis le 22 juin 2017, Marie DERAIN, professionnelle de la PJJ, ancienne Défenseure des enfants, ancienne conseillère « droits de l’enfant » de la ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des Femmes, est mise à disposition du Centre national de la protection de l’enfance (CNPE). Elle y occupe la fonction de secrétaire générale. Elle nous présente les missions de cette nouvelle instance interministérielle et explique en quoi l’investissement de la PJJ y est essentiel.

Quelles sont les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Je suis entrée à la PJJ il y a 20 ans parce que j’étais passionnée par le contact avec les jeunes et les familles. J’ai travaillé principalement dans des services de milieu ouvert en Essonne, dans les Hauts-de-Seine. Dans les deux cas, le partenariat était un ressort incroyable de l’action éducative, à tous les niveaux. En 2006, j’ai rejoint, pour deux ans, le Centre national de formation et d’études de la protection judiciaire de jeunesse à Vaucresson1 comme responsable de formation des directeurs et des cadres. J’ai ensuite participé à la mise en place de l’audit au sein de la direction inter-régionale de la PJJ Ile-de-France/Outre-mer. En 2010, j’ai passé six mois auprès de la sénatrice, Isabelle DEBRÉ, pour faire un état des lieux de la situation des Mineurs isolés étrangers en France et formuler des propositions pour améliorer leur prise en charge. En 2011, j’ai été nommée Défenseure des enfants, adjointe du Défenseur des droits, Dominique Baudis. En 2014, j’ai rejoint le cabinet de la Secrétaire d’État chargée de la famille pour préparer l’audition de la France par le Comité des droits de l’enfant à l’ONU, programmée seize mois plus tard. C’était un vaste travail de coordination interministériel. Puis, je suis devenue conseillère « droits de l’enfant » lorsque Laurence ROSSIGNOL est devenue ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, de février 2016 à mai 2017.

Quel est le rôle du Conseil national de la protection de l’enfance créé par la loi du 14 mars 2016 ?

Institué auprès du Premier Ministre, il est présidé par Agnès BUZYN, ministre des Solidarités et de la Santé, chargée des Familles et de l’Enfance. Sa vice-présidence est assurée par Michèle CRÉOFF, spécialiste de la protection de l’enfance. Le rôle premier du CNPE est de proposer au Gouvernement les orientations nationales de la politique de protection de l'enfance. Il le fait par le moyen d’avis et en évalue la mise en œuvre. L’objectif est aussi de promouvoir la convergence des politiques menées au niveau local, dans le respect de la libre administration des collectivités territoriales. Le CNPE a également un rôle de veille de l’activité notamment législative et réglementaire sur des sujets parfois connexes comme la pauvreté des enfants ou encore leur santé.

Depuis le 22 juin 2017, vous êtes mise à disposition du CNPE. En quoi consistent vos missions ?

En tant que secrétaire générale, j’assure le fonctionnement du Conseil. A ce stade, il s’agit notamment de poursuivre sa mise en place, et d’affiner son fonctionnement. Je coordonne le travail des cinq commissions permanentes, en lien avec leurs animateurs. Ces commissions portent sur l’ « adoption et la suppléance parentale longue », la « prévention et le repérage précoce », l’« adaptation des interventions en protection de l’enfance aux besoins de l’enfant », la « connaissances et la recherche en protection de l’enfance » et, enfin, la « formation en protection de l’enfance ». Je consacre aussi beaucoup de temps aux relations institutionnelles et partenariales pour faire du CNPE un acteur incontournable sur ces sujets.

Plus largement, comment la PJJ s’investit-elle au sein de cette instance ?

La plupart des mesures dans le cadre de protection de l’enfance sont judiciaires, à ce titre la PJJ a toute sa place. Acteur essentiel de l’interministérialité, elle participe à toutes les commissions et Anne DEVREESE, directrice générale adjointe de l’Ecole nationale de protection judiciaire de la jeunesse, anime celle consacrée à la formation en protection de l’enfance. La présence de la PJJ assure le lien nécessaire avec la justice et donne un ancrage opérationnel fort au même titre que les acteurs d’associations reliées avec les établissements sociaux et médico sociaux ou les associations de professionnels. La PJJ prend, en effet, en charge des enfants et comprend des professionnels qui interviennent directement auprès des enfants et des familles. Son investissement au sein du CNPE garantit ainsi la continuité recherchée entre protection de l’enfance et accompagnement des jeunes dans le cadre de l’ordonnance de 45. Ce sont les mêmes jeunes.

Qu’est-ce que votre mise à disposition peut apporter à la PJJ ?

Au cours de ces premiers mois de fonctionnement du CNPE, j’ai constaté l’insistance des participants de la PJJ pour que les adolescents et leurs spécificités soient davantage pris en compte dans nos travaux. La protection de l’enfance s’intéresse, en effet, plus souvent à la petite enfance et aux enfants. De plus, la direction de la PJJ m’associe aux temps fort de l’institution, à des formations. J’espère y apporter le fruit des travaux du CNPE. Nous voulons aussi valoriser ce que fait chaque institution dans le domaine de la protection de l’enfance, c’est très net pour la formation et la recherche en ce qui concerne la PJJ. L’engagement de la PJJ au sein du CNPE, instance nationale et interministérielle instituée, contribue à en faire un acteur incontournable de la protection de l’enfance.

1 devenu en 2008 l’Ecole nationale de protection judiciaire de la jeunesse, située à Roubaix

Liste des membres du bureau et des commission permanentes du CNPE.