Typologie de contenus: Actualité
Le "café des familles" : un moment pour les parents de détenus
Publié le 31 octobre 2019
Assurer le lien entre "le dedans" et "le dehors" : l'une des missions des professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse intervenant en détention. L'un des moyens pour y parvenir, au service éducatif de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (SEEPM) du Rhône, se nomme le "café des familles". Ce rendez-vous mensuel offre aux parents des jeunes détenus un espace d'échanges.
Depuis plus d'un an, les professionnels du service éducatif de l'établissement pénitentiaire pour mineurs (SEEPM) du Rhône animent un "café des familles". Avec un objectif fort : offrirun espace aux proches des mineurs détenus, leur permettre de se rencontrer pour se sentir moins seuls et échanger sur leurs ressentis.
Une dizaine de parents se réunissent ainsi chaque mois. Une belle réussite pour les éducatrices et la psychologue mobilisées sur le projet, qui s'est développé en plusieurs étapes.
Des parents d'abord hésitants
En janvier 2018, le service éducatif a amorcé la mise en place d'un groupe de parole pour les familles des mineurs incarcérés. Ce projet, favorisé par l'ouverture de la maison des familles sur le site de l’établissement pénitentiaire pour mineurs, a nécessité plusieurs ajustements pour répondre aux besoins des parents. Ces derniers se sont d'abord montrés hésitants, voire fuyants. L'organisation du groupe a pu avoir un effet anxiogène, impliquant de manière trop active des parents pas encore prêts à investir cet espace inconnu.
Le "café des familles" tel qu'il existe aujourd'hui est le fruit de ces ajustements.
Un temps pour « se restaurer » symboliquement
Les éducatrices et la psychologue impliquées ont ainsi imaginé d’autres modalités répondant davantage aux besoins de ces familles. Elles ont eu l'idée de :
-
réunir chaque mois les parents autour d'un café, le mercredi ou le samedi (entre 13h30 et 17h30) sur les temps de parloir. Un temps où ils peuvent se retrouver et se restaurer au sens propre comme de façon symbolique ;
-
mettre en scène les réalisations faites par leur enfant dans les différents ateliers proposés dans le cadre de leur prise en charge ;
-
nommer différemment ce lieu et cet espace pour en faire un temps moins formel : ce sera "le café des familles".
Maintenir le lien familial
Chaque production des mineurs devient un lien entre le dedans (les jeunes) et le dehors (les parents).Le café des familles est un espace où les jeunes vivent et sont présents au travers de leurs réalisations.
Des sujets chargés émotionnellement y sont abordés tels que la honte, le sentiment de culpabilité, de colère contre eux-mêmes, l’incompréhension, l’appréhension des parloirs, la peur de montrer trop d'émotions, de trouver son enfant trop mal ou le soulagement qu'il soit à l'établissement pénitentiaire pour mineurs après les fugues, les gardes à vue, les placements, etc.
Les parents se soutiennent. Chacun se sent désormais le droit de conseiller, de dédramatiser ou de consoler, toujours avec bienveillance et sans jugement. Les nouvelles modalités, moins formelles, leur ont permis de s’investir davantage.
Un bel exemple de prise en compte des besoins des mineurs incarcérés et de leurs familles.