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Déplacement au centre éducatif fermé d'Epinay-sur-Seine
Publié le 16 juillet 2020 - Mis à jour le 02 mars 2023
Le garde des Sceaux à la rencontre des jeunes et de l’équipe du CEF d’Epinay-sur-Seine. Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la justice, est allé à la rencontre des jeunes et des professionnels du centre éducatif fermé (CEF) d’Epinay-sur-Seine le lundi 13 juillet.
L’occasion d’échanger sur le sens du placement en CEF et sur la justice pénale des mineurs.
Après un accueil républicain dans la cour du centre, c’est un jeune pris en charge qui a lui-même conduit la visite du ministre et de la presse dans l’établissement dirigé par Yasmine Boutkhili, directrice de service. Eric Dupont-Moretti a tout d’abord échangé avec son jeune guide sur la différence entre CEF et prison, « quatre murs » pour le jeune et pour qui le centre éducatif fermé est une chance. Cette chance, il faut s’en saisir mais c’est aussi des « droits et des devoirs » lui a indiqué le garde des Sceaux.
La rencontre avec un deuxième jeune a permis d’aborder la question de l’insertion scolaire et professionnelle des mineurs confiés à la protection judiciaire de la jeunesse. Interrogé par le ministre sur ses aspirations après avoir « décroché », l’adolescent a précisé « maintenant, je suis en 3e générale et je veux m’orienter vers la mécanique au lycée d’Epinay ».
« Une chance pour moi »
Un troisième jeune a ensuite présenté ses travaux scolaires, en particulier en français, histoire-géographie et mathématiques, et pour qui la langue « c’est la base ». Le ministre a souligné l’importance de cet apprentissage, car « quand on se parle, on échange, la langue c’est le véhicule de la pensée ». L’adolescent a par ailleurs indiqué à Eric Dupond-Moretti que « le fait d’être ici, c’est une chance, qui me permettra de retourner chez moi, au lieu d’être incarcéré ».
Aux éducateurs, éducatrices, et à l’encadrement, le ministre a souhaité « rendre un hommage sincère, car vous faites un très beau métier ». En direction des jeunes, Eric Dupond-Moretti : « je ne sais pas ce que vous avez fait, mais vous appartenez à notre société, il n’y a pas de sous-justiciable, votre place il faut la conquérir ».
20 nouveaux CEF
Evoquant le programme de 20 nouveaux CEF, Eric Dupond-Moretti a ajouté que « la prison n’est pas la solution à la rémission d’une infraction. Il faut repenser la prison, valoriser ce que vous faites ici dans ce centre pour les jeunes, car nous connaissons le lien entre délinquance et misère sociale ».
Dans la salle de lecture, un jeune a indiqué qu’avant le centre il ne lisait pas du tout, et que maintenant il lit et se passionne pour « Alix ». Un mineur a présenté sa chambre dont il assure lui-même la rénovation avec un ouvrier spécialisé.
En CEF, le suivi des mineurs est précis et rythmé par un calendrier et des horaires. Questionné par le ministre sur l’importance de ce rythme, le jeune a évoqué le fait qu’il a « compris maintenant l’importance d’être à l’heure, surtout si on veut être embauché ».
« Moi j’y crois »
Le responsable d’unité éducative a ensuite souligné le fait que « si on est là c’est parce que ça marche », le ministre lui répondant « si vous avez un gamin sorti de l’ornière, c’est la plus belle des récompenses, vous avez notre soutien ».
Le ministre a conclu la visite par un hommage aux personnels tout en indiquant que les jeunes pris en charge en CEF sont souvent « déchirés par la vie », et qu’avec « le personnel incroyable autour d’eux, le rythme et la colonne vertébrale du centre, ils vont revenir meilleurs dans la société civile ».
Par ailleurs, le garde des Sceaux a tenu à souligner que « le centre a fonctionné pendant la crise du COVID, et que les jeunes et les éducateurs ont su faire face ».
Eric Dupond-Moretti a enfin précisé que « la vérité est dans la nuance, il ne faut pas opposer laxisme et répression, les investissements d’aujourd’hui préparent l’avenir, moi j’y crois ».