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Éducatrice de la PJJ : un métier qui allie justice et jeunesse
Publié le 22 mars 2021 - Mis à jour le 23 février 2023
Lolita, 34 ans, est éducatrice de la protection judiciaire de la jeunesse à Auxerre depuis 2013. Elle revient sur son parcours, le choix de son métier, son quotidien et de cette mission qui l’anime : « ramener du positif dans des situations difficiles ».
Quel est votre parcours ?
J’ai passé un bac littéraire en 2005 puis j’ai obtenu un master 1 carrières judiciaires et sciences criminelles en 2010, à Poitiers. J’ai alors hésité entre poursuivre en master 2 ou tenter des concours de la gendarmerie ou de la justice. En parallèle, tous les étés, j’étais animatrice de colonies. J’aimais beaucoup le lien avec les jeunes. J’ai opté pour la voie qui permettait de croiser tout cela. C’était éducatrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et je n’ai jamais trouvé un meilleur métier pour allier justice et jeunesse.
Comment vous vous êtes préparée au concours de la PJJ ?
J’ai été admise dans la classe préparatoire intégrée de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse. Pendant six mois, j’ai été plongée dans l’univers PJJ au contact d’éducateurs et de directeurs de service en formation, des entraînements à l’écrit et à l’oral. Mais je me suis tellement mise la pression que j’ai échoué au concours. Je n’ai pas baissé les bras. J’ai retenté l’année suivante en y mettant plus de moi-même, de ma personnalité Et j’ai réussi. Après ma formation, j’ai intégré l’unité éducative de milieu ouvert (UEMO) d’Auxerre.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
J’ai le sentiment qu’on peut aider les jeunes qui dérivent, prennent un chemin différent parce qu’ils ont des difficultés avec leur famille ou au niveau scolaire, décrochent, perdent leurs repères et passent à l’acte. J’essaie de les reconnecter à la société - car ils se mettent facilement à l’écart - et leur faire découvrir des dispositifs qu’ils ignorent. J’ai envie de passer du temps avec ces adolescents qui ont besoin d’être accompagnés. C’est parfois un challenge, car ils n’ont pas forcément envie qu’on les aide au départ. Au fur et à mesure, si le lien se crée, on peut ramener du positif dans ces situations difficiles.
Quel est votre quotidien ?
Il n’y a pas un jour identique à l’autre ! Je peux passer une journée dans mon service éducatif à écrire des rapports pour les juges, répondre au téléphone pour donner des conseils aux familles ou aller sur le terrain. Hier, par exemple, je me suis occupée d’un jeune qui sortait de détention à Dijon. Je l’ai emmené rejoindre sa famille sur Auxerre avant de le conduire au centre éducatif renforcé où les éducateurs nous attendaient. J’accompagne aussi les jeunes lors des jours d’audience : j’explique au magistrat tout le parcours qu’ils ont réalisé, je les soutiens. Dans le service, ou parfois à leur domicile, je fais des entretiens avec eux et je participe à des activités. J’ai enfin beaucoup de réunions : des temps importants pour échanger entre collègues sur les situations. Le travail d’équipe est très important dans ce métier.
Créer une relation avec les jeunes, est-ce facile ?
J’ai toujours l’appréhension de savoir si le lien avec le jeune et sa famille va se créer. Cela prend plus ou moins de temps, mais je n’ai jamais rencontré de difficultés jusque-là. C’est facile pour moi d’expliquer que la justice, ce n’est pas que la répression mais aussi des professionnels pour les aider.
Quels conseils donneriez-vous si on veut exercer ce métier ?
Être bien accroché car cela remue beaucoup ! C’est un métier à vivre avec passion ou on peut vite s’épuiser. Il faut y trouver du sens, garder en tête l’idée d’éducation.