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Inauguration du premier centre éducatif renforcé de Mayotte

Publié le 31 juillet 2019

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La Protection Judiciaire de la Jeunesse a inauguré en juin dernier le premier centre éducatif renforcé (CER) de Mayotte. Géré par l’association locale Mlezi Maoré, le CER accueille 8 jeunes sur des sessions de 6 mois. Il vient renforcer ce territoire avec un dispositif de prise en charge des mineurs délinquants qui privilégie l’action éducative et constitue une alternative à l’incarcération qui manquait jusque-là, sur une île où plus de la moitié de la population a moins de 17 ans.

Une première pour le territoire de Mahorais.

Toutes les autorités de Mayotte, cette petite île française de 374 km² dans l’Océan indien, étaient réunies pour l’occasion. L’ouverture du centre éducatif renforcé était attendue, et vient concrétiser la 5ème promesse issue du plan pour l’avenir de Mayotte proposé par le gouvernement. Avec 84% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, ce territoire ne disposait pas d’une réponse judiciaire renforcée à la délinquance juvénile, ce qui nécessitait souvent l’utilisation des centres éducatifs fermé ou renforcé situés à La Réunion à plus de 1500 kilomètres de distance.

Situé en périphérie de Bandrélé, une commune du sud du territoire, le centre se trouve dans un îlot de verdure à proximité du littoral. Le Maire, Ali Moussa Moussa Ben, s’est « réjoui de l’installation de ce centre sur sa commune, en prenant ainsi part au nécessaire travail de réinsertion des mineurs en difficulté ». La Maire de Chirongui, Roukia Lahadji, et Présidente de l’association Mlezi Maoré qui gère le CER, s’est aussi félicitée de cette ouverture. « La prison n’est pas la solution pour l’insertion d’un jeune » a-t-elle estimé, en indiquant que ce centre était une bonne réponse car elle concilie « éducation et fermeté ».

 

 

Objectif : un nouveau rythme éducatif

L’objectif du centre éducatif renforcé est de créer la rupture chez un jeune engagé dans une délinquance dure et réitérée. C’est pour cela que la session commence par un séjour de dégagement où le mineur est placé dans un environnement qu’il ne connaît pas. À Mayotte, nombreuses sont les activités pour créer cet « électrochoc éducatif » que le directeur interrégional de la PJJ d’Île-de-France et d’Outre-mer, Dominique Simon, a évoqué dans sa prise de parole. Dans une première session, les équipes éducatives ont pu proposer des activités tant maritimes que montagnardes. Il s’agit de créer un nouveau rythme de vie par des activités sportives, d’apprendre ou de réapprendre les bases de la vie en collectif, de respecter des règles parfois exigeantes, celles de la plongée par exemple, et de découvrir leur territoire et ses richesses que ces jeunes ne connaissent souvent que très peu.

Au-delà de ces activités, le projet éducatif du CER repose aussi sur l’environnement du site qui se prête à l’agriculture, à l’exploitation de ressources naturelles et à l’écologie. C’est une manière pour les éducateurs de travailler avec les jeunes au développement de leurs compétences et de préparer ainsi un projet de sortie avec parfois, à la clé, une insertion professionnelles dans des secteurs économiques qui manquent drastiquement de main d’œuvre et de compétences sur le territoire.

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« Un outil singulier »

Réponse de l’État à certaines difficultés exprimées par les habitants lors de la crise de début 2018, le CER reste un dispositif souple qui a permis une création rapide d’un nouveau lieu de prise en charge. « Paradoxe que l’on n’ait pas encore eu ce genre d’équipement » a indiqué le Préfet, Dominique Sorain, pour qui le centre constitue « un outil singulier aux méthodes innovantes dans la lutte contre la délinquance juvénile », dont il a pu rappeler les chiffres préoccupants à Mayotte. Le centre éducatif renforcé repose sur l’engagement d’une équipe éducative composé majoritairement d’éducateurs, grâce auxquels une présence en continue, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, est assurée pour les jeunes sous main de justice qui y sont placés.

Le directeur interrégional, Dominique Simon, a salué leur investissement dans « une mission difficile mais salutaire » pour les jeunes mahorais, faisant le lien avec les renforts alloués par ailleurs au secteur public de la Protection Judiciaire de la Jeunesse depuis près de trois ans sous l’impulsion de la directrice territoriale, Liliane Vallois, dont l’action et la proactivité ont été à plusieurs reprises saluées par l’ensemble des acteurs de l’île aux parfums pour renforcer et diversifier la prise en charge éducative des jeunes sous main de justice sur le territoire.

« Si on ne fait pas d’éducation pour les jeunes de moins de 18 ans, pour qui on la fera ? Si on les met en prison, on fabrique les délinquants de demain. Si on se donne une chance d’éducation, ce sont des jeunes qui vont devenir des citoyens normaux » a indiqué Dominique Simon un peu plus tard dans une interview à France 1ère édition Mayotte. Une affirmation partagée par tous les acteurs présents, services de l’État, forces de sécurité, partenaires et élus locaux.

 

© DIRPJJ IDF-OM - DT976 - Adrien Derain, Chef de cabinet du DIR IDF-OM