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Témoignages de professionnels

Publié le 20 février 2019

Temps de lecture :

3 minutes

Un écoutant du 116006

Je suis travailleur social de formation. Mais la fonction d'écoutant est différente des activités de travail social habituel : je suis là pour écouter une victime, décrypter sa demande explicite ou implicite, et la mettre en relation avec les associations du réseau France Victimes conventionné par le ministère de la Justice et/ou des structures spécialisées. Mon approche est généraliste. Ensuite, au sein des associations du réseau, les juristes, les psychologues ou les travailleurs sociaux peuvent apporter une aide spécifique, en lien les uns avec les autres.

Les sources de satisfaction pour moi ? C'est le sentiment d'avoir pu aider une personne dépassée par ses problèmes à y voir plus clair, à hiérarchiser ses besoins et à formuler une demande. Je peux alors l'amener à trouver le bon interlocuteur qui lui permettra d'engager ou de poursuivre des démarches.

Un psychologue d'association

A la fin de mes études, j'ai eu une opportunité de travail au sein d'une association d'aide aux victimes qui était intéressée par ma connaissance de la procédure pénale. Mon rôle auprès des victimes consiste précisément à établir un lien entre le traumatisme subi et l'aspect juridique des choses, à faire en sorte qu'elles puissent " mettre du sens " face aux épreuves traversées : le traumatisme subi, la confrontation à la procédure pénale, la mise en place de mesures de réparations financières.

Ce qui me semble essentiel au sein des associations, c'est précisément d'éviter le clivage " juridique / psychologique " pour aider plus efficacement les victimes.

La nature de mon intervention est variable. Parfois, un seul entretien permet de soulager la victime, mais je suis également appelée à suivre les personnes qui le souhaitent tout au long de la procédure pénale (parfois sur plusieurs années), et aussi à les réorienter vers d'autres professionnels si le besoin d'une thérapie individuelle se fait sentir par exemple.

Aujourd'hui, les séquelles psychologiques engendrées par des infractions sont mieux reconnues du grand public, mais attention de ne pas réduire la victimologie à ce seul aspect !

Un juriste d'association

Dès mes études, je me suis intéressée à la question des victimes : j'ai notamment obtenu un DESS de droit des victimes.

Après avoir été juriste consultante, j'ai choisi d'intégrer, en tant que salariée, une association d'aide aux victimes, car la réponse du droit faite à la victime, me semblait partielle et insuffisante. L'accueillant, dans une association, joue le rôle d'un médecin généraliste : il effectue un diagnostic de l'ensemble des besoins de la victime, puis l'accompagne dans ses contacts avec les professionnels spécialistes concernés. Le premier entretien avec la personne peut se faire à 2 : un juriste et un psychologue. Nous la préparons à ce qu'elle va vivre : une victime bien préparée va mieux vivre la procédure.

Personnellement, j'assure une permanence 3 fois par semaine au Tribunal au sein du Bureau d’Aide aux Victimes : j'interviens surtout lorsqu'il y a comparution immédiate. Les autres jours, j'accueille et suis les personnes.

Il est important de préciser que nous ne faisons jamais les démarches à la place d'une victime : nous l'aidons à se prendre en charge. Nous avons terminé notre travail quand la victime redevient un " sujet " normal. Je pourrais dire lorsque nous ne la voyons plus ! ... même si elle passe de temps en temps pour boire un café avec nous !