[Archives] Pose de la première pierre de l’Ecole Nationale de PJJ à Roubaix

Publié le 23 juin 2006

Discours de Pascal Clément Garde des Sceaux, Ministre de la Justice

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Madame le Préfet,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire,
Messieurs le Procureur de la République,
Madame le Conseiller,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,


Je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui, parce que j’ai le sentiment que la pose de cette première pierre de l’Ecole Nationale de Protection Judiciaire de la Jeunesse était attendue de longue date.

En effet, ce geste constitue l’aboutissement d’un projet élaboré par Pierre MEHAIGNERIE et décidé en septembre 1994 par le comité interministériel à l’aménagement du territoire, réuni à TROYES.

C’est donc un acte fort voulu par le Gouvernement de l’époque et réaffirmé par ce Gouvernement que de construire une Ecole Nationale de Protection Judiciaire de la Jeunesse, totalement nouvelle dans le Nord de la France à ROUBAIX.

L’actuel Centre National de Formation et d’Etudes (CNFE) de la PJJ, situé à VAUCRESSON et MARLY LE ROI, a été créé en 1951. Il demeurera en activité, en région parisienne, jusqu’à l’ouverture en 2008 de la nouvelle école.

La pose de cette première pierre, est aussi un geste symbolique. Il est la marque d’un renouveau de cette école et montre la capacité de l’Etat et de tous les acteurs du Nord-Pas-de-Calais à accompagner les mutations de cette région.

C’est pourquoi je voudrais remercier chaleureusement tous ceux qui ont participé, et participeront, à cette aventure.

Ce projet n’aurait pu voir le jour sans la collaboration de la commune et de son maire, qui ont soutenu cette initiative depuis son origine. La ville de Roubaix a cédé cette emprise pour un euro symbolique et assure la maîtrise d’ouvrage déléguée du projet. Elle a toujours facilité le choix de cette implantation avec constance, rigueur et bonne volonté.

Au niveau administratif, est-il besoin de le souligner, Monsieur le Préfet, l’articulation a été parfaite entre vous-même, les services territoriaux de l’Etat et les deux directions concernées du Ministère, la Direction de L’Administration Générale et de l’Equipement, direction immobilière et la Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, utilisatrice finale de l’école.

Chacun d’entre vous voit aujourd’hui le chemin parcouru et peut être fier du travail accompli.

Je voudrais cependant revenir maintenant sur le sens de cette implantation. Il ne s’agit pas d’une simple opération immobilière, mais d’un choix politique en faveur de l’aménagement du territoire et de la modernisation de la formation de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.


Le Ministère de la Justice a la volonté de contribuer à l’action territoriale de l’Etat.

En effet, l’aménagement du territoire est une priorité du gouvernement.

Nous vivons dans une République unitaire, mais son organisation est décentralisée, comme le proclame l’article 1er de notre constitution.

Ce choix de la décentralisation est le choix de la France, de son équilibre, de son harmonie. C’est aussi le choix des citoyens, le choix de la proximité et de la qualité du service public. Pour les rendre cohérents, l’Etat doit poursuivre sa politique de déconcentration.

Toutes les écoles du Ministère de la Justice auront donc, d’ici deux ans, quitté la région parisienne. L’Ecole Nationale de la Magistrature est déjà à BORDEAUX, l’Ecole Nationale des Greffes à DIJON et l’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire à AGEN.

L’ENAP, que j’ai visitée il y a deux semaines, a été mise en service en 2000. J’ai été impressionné par la satisfaction des personnels et des élèves, bien plus à l’aise que dans le cadre antérieur de Fleury-Mérogis, Juvisy et Savigny-sur-Orge.


Car le choix de la déconcentration est avant tout un choix humain.

Cette déconcentration sera source de dynamisme supplémentaire pour la région. L’ensemble du gouvernement a, en effet, à cœur d’accompagner la revitalisation des zones urbaines du Nord-Pas-de-Calais.

Avec l’arrivée de l’école, ce sont près d’une centaine d’agents et 300 stagiaires qui s’installeront à Roubaix. Je sais que le meilleur accueil leur sera réservé et qu’ils n’oublieront jamais la chaleur des habitants du Nord. Les contacts déjà pris par mes services avec les autorités locales en témoignent.

Un accompagnement social des personnels qui vont assurer le transfert du CNFE et venir, pour la majorité d’entre eux, s’établir à Roubaix, a été prévu.


Je sais pouvoir compter, Monsieur le Maire, sur la municipalité et sur vous aussi, Monsieur le Préfet, afin de faciliter leur accueil et celui de leurs familles, particulièrement en matière de logement, d’aide aux conjoints qui doivent pouvoir retrouver du travail ou de scolarisation et de garde d’enfants.

La déconcentration des grandes écoles publiques a parfois été contestée au moment où la décision a été prise. En revanche, la satisfaction des élèves et des personnels a toujours été ensuite au rendez-vous.

J’ai la conviction qu’être un serviteur de l’Etat et, ainsi, concourir au bien public nécessite de connaître la pluralité de nos territoires et de nos citoyens. C’est en sachant s’adapter à la très grande diversité des Français, qui fait la richesse de notre pays, que l’on est apte à répondre à leurs demandes.

L’installation de l’Ecole Nationale de Protection Judiciaire de la Jeunesse entraînera enfin des investissements immobiliers importants.

Le projet est en effet d’envergure puisqu’il représente un investissement de 23 millions d’euros, englobant les études et la démolition déjà réalisées, la reconstruction et l’extension qui vont commencer fin août, ou encore les équipements intérieurs, y compris informatiques.

Les travaux sont prévus sur 17 mois et seront donc achevés pour permettre l’ouverture de l’école à compter du premier trimestre 2008.

Ce sera d’ailleurs un ensemble qui s’enracinera dans l’urbanisme de la ville de Roubaix, puisque cette école prendra la suite des anciennes filatures DELATTRE dont les façades, inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, seront conservées par le projet du Ministère de la Justice.


Ce choix de localisation nous donne l’opportunité de moderniser la formation des agents de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.

La PJJ se modernise en restant fidèle à ses principes fondateurs.

Depuis un peu plus de deux ans, la Protection Judiciaire de la Jeunesse est engagée dans des réformes profondes visant à l’amélioration du service public.

Depuis la création de l’Education surveillée, cette institution a fait du chemin. Elle est restée fidèle à sa mission éducative, définie par l’ordonnance de 1945, tout en s’adaptant aux profils des jeunes qui lui sont confiés et aux évolutions de notre société.

La mission de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse est de protéger, d’éduquer et d’accompagner les jeunes, en milieu ouvert et jusqu’en détention.

Elle prend désormais en charge des mineurs multirécidivistes dans les centres éducatifs fermés, pour leur offrir une dernière alternative à l’incarcération. Ces centres, dont la création avait été décidée en 2002, ont montré leur utilité. Deux centres éducatifs fermés ouvriront d’ailleurs dans le Nord, en 2007, à Liévin et à Cambrai.

La PJJ intervient également, depuis 2003, de manière continue, dans les quartiers mineurs des établissements pénitentiaires.

Elle participe activement avec la direction de l’administration pénitentiaire, à la mise en place des établissements pénitentiaires pour mineurs. Les premiers, dont celui de Quiévrechain, ouvriront au début de l’année 2007. Ces établissements s’organiseront autour d’objectifs éducatifs, de l’apprentissage des principes nécessaires à la vie en société jusqu’à l’initiation professionnelle.

La formation des personnels est dans ce contexte un enjeu d’importance, d’autant plus que les jeunes pris en charge se trouvent souvent dans une situation difficile.


S’adapter à la jeunesse d’aujourd’hui, c’est faire le choix de la professionnalisation.

La Protection Judiciaire de la Jeunesse a pu compter jusqu’ici sur des éducateurs dotés d’une très grande expérience et d’un dévouement sans faille. Mais de nouveaux défis l’attendent dans un avenir très proche.

Le renouvellement des générations va impliquer dans les dix prochaines années le recrutement de plus de 4 000 personnes, soit la moitié des effectifs actuels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Les futurs directeurs, éducateurs et formateurs devront apprendre la pratique de leurs nouveaux métiers.


La prise en charge des mineurs nécessite, en effet, la capacité d’adapter l’action éducative aux difficultés multiples de ces jeunes : une violence difficilement contenue, un faible niveau de scolarisation, une santé souvent dégradée, ajoutés, souvent, à l’ignorance des valeurs de la vie en société.

L’action éducative exige également de s’inscrire dans une démarche de travail avec les magistrats, les familles, de partenariat avec tous les services administratifs et sociaux de l’Etat, des collectivités territoriales, ainsi qu’avec les forces de sécurité publique.

C’est pourquoi l’Ecole Nationale de Protection Judiciaire de la Jeunesse est une école professionnelle, une école qui prépare réellement à un métier et accompagne ceux qui l’exercent. Cela exige la création de référentiels des compétences, une meilleure qualification des formateurs, une ouverture aux formations d’autres institutions, ainsi qu’une reconnaissance des qualifications des agents obtenues par la formation, initiale et continue.

Par son implantation, l’Ecole Nationale de la PJJ pourra enfin avoir une ouverture européenne et internationale.

La maltraitance et la délinquance des jeunes sont des enjeux auxquels nous ne sommes pas seuls à être confrontés.

L’Ecole assurera aussi des travaux de recherche et l’organisation de colloques réunissant tous les acteurs concernés par la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ces dernières activités intéressent tout le secteur du travail social et de l’éducation au-delà de nos frontières.

A Roubaix, situé au carrefour de l’Europe, les responsables de la formation de la PJJ pourront mutualiser leurs pratiques et trouver des réponses communes.


Mesdames et Messieurs,

Ce moment est émouvant pour chacun d’entre nous. Il est l’aube d’une nouvelle ère pour la Protection Judiciaire de la Jeunesse, qui est prête à relever ces défis.

En s’inscrivant dans la réforme de l’Etat et en mettant la formation au cœur de ses priorités, le Ministère de la Justice fait preuve d’une volonté de modernisation.
Il se donne les moyens d’être mieux adapté et plus réactif aux évolutions de son environnement.

Je souhaite donc bon courage à tous les agents de la PJJ, actuels et futurs qui, grâce à leur passage dans le Nord, participeront à cette aventure exaltante.

Je vous remercie de votre attention.