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8 mars : portraits
Publié le 08 mars 2018
Marine Montauzou, substitut du procureur de la République
Le droit est une filière féminine, certains parlent même de sur-féminisation. Aux fonctions du parquet, on constate néanmoins une majorité d'hommes, les femmes préférant les postes du siège. Marine Montauzou, jeune magistrate a pourtant fait le choix d’être parquetière. Substitut du procureur de la République au tribunal de grande instance de Charleville-Mézières, elle défend l'intérêt public au sein des tribunaux.
En quoi consiste votre métier ?
Je suis substitut du procureur chargée des affaires de mineurs. En assistance éducative pour l'aspect civil, je décide de saisir le juge des enfants si j'estime qu'un enfant est en danger chez ses parents. Les informations préoccupantes me parviennent, je les analyse et décide si je dois saisir le juge des enfants ou si je classe sans suite , soit car le danger ne me paraît pas caractérisé , soit parce que c'est possible d'agir dans le cadre administratif. Concernant l'aspect pénal, je suis compétente pour le mineur délinquant ou le mineur victime. Pour le mineur auteur, je peux par exemple décider d'une peine alternative avec la protection judiciaire de la jeunesse, ou saisir le juge des enfants par le biais d'une convocation ou d'un déferrement etc...
A Charleville-Mézières, j'essaie d'être la référente en mineurs mais c'est un petit parquet. Mes missions sont rapidement très variées. On est 4 substituts pour faire tourner la permanence, du coup lorsque je suis de permanence 1 semaine par mois, je traite de tous les contentieux. L'objectif de cette dernière étant de qualifier par téléphone l'infraction au vu des informations données par l'officier de police judiciaire.
Vous avez choisi d'exercer au parquet et non au siège, pour quelle raison ?
Le parquet a toujours été une évidence. Pendant mes stages de fin d'études, j'ai trouvé ça passionnant. J'aime le fait de diriger l’enquête en direct. On nous appelle pour les stratégies d’enquête et pour contrôler les différentes mesures de coercition. Quand je suis à la permanence j'ai plusieurs enquêtes en même temps, en générale il faut les mener en 48 heures, c'est très dynamique. Être au cœur de cette mécanique, c'est passionnant.
Le juge d'instruction est un magistrat du siège qui enquête également, pourriez-vous exercer ces fonctions ?
On verra ce que me réserve la suite mais j'en ai pas l’intention dans l'immédiat. Le juge d'instruction intervient a posteriori. Il mène l'enquête de manière plus approfondie, sur un temps plus long, notamment par le biais de commissions rogatoires. Ce qui m'a toujours beaucoup plu au Parquet, c'est le temps réel, les enquêtes qui s'enchaînent en quelques jours.
Le droit est très féminisé mais les magistrats du parquet sont en majorité des hommes, comment expliquer cela ?
La raison principale est sûrement la disponibilité qu'exige le parquet. Il est impossible de travailler à domicile contrairement au siège où on peut rédiger des jugements de chez soi. J'imagine que pour certaines mère de famille, c'est plus simple alors qu'au parquet c'est absolument impensable. On doit être là du matin au soir. Lorsqu'on est de permanence, c'est 7 jours et 7 nuits par mois. Ensuite l'aspect très oral des réquisitions à l'audience attire peut-être moins les femmes. Elles préfèrent peut-être des fonctions plus discrètes. De plus, dans la sphère du parquet, on est entouré d'hommes qui peuvent avoir des a priori vis à vis d'une femme entraînant certaines difficultés.
Que pensez-vous de la journée internationale des droits de la femme ?
C'est bien surtout que ces derniers mois il y a eu un mouvement positif dans le sens où la parole des femmes s'est libèrée. Si cela permet de mettre en lumière certains combats tant mieux, mais il ne faut pas que cela se cantonne à une journée.