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Magistrats et avocats en colloque
Publié le 14 mars 2018
Le 9 mars 2018 s’est tenu au Palais de Justice de Paris un colloque intitulé « Éthique de la relation judiciaire : magistrats et avocats ». Coorganisé par l’École nationale de la magistrature (ENM) et le Conseil national des barreaux (CNB), l’événement a dressé le constat de ce qui rapproche et éloigne les deux professions avant d’envisager des pistes pour renouer le fil d’un dialogue... parfois tendu.
« Il faut accepter de nous parler. Magistrats et avocats forment un couple indissociable. Ils sont mariés pour le meilleur et pour le pire. Espérons que ce soit pour le meilleur ! Sinon, c’est la Justice qui ferait les frais de ce combat ». Ce constat, dressé par Olivier Leurent, directeur de l’École nationale de la magistrature (ENM), donnait le ton de cette journée lors de l’ouverture du colloque. Un constat pourtant surprenant pour le néophyte. Magistrats et avocats ne partagent-ils pas au début de leurs études le même cursus ? Ne prononcent-ils pas chacun un serment assez proche ? Ne cherchent-ils pas tous à servir la Justice, pilier de notre état de droit ? Christiane Feral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux, s’engageant à « parler vrai », exprimait ensuite son souhait de « repenser et rééquilibrer les relations »entre magistrats et avocats, au profit de ces derniers. « Nous avançons mais, il reste des sujets ouverts »a-t-elle conclu.Des règles propres mais des valeurs communes
Durant la journée de colloque a été posée la question de l’existence de relations organisées entre les deux professions. Régies par des règles déontologiques et disciplinaires propres, elles partagent cependant certaines valeurs : l’honneur, la probité, la délicatesse, le secret, la confidentialité, l’indépendance... Pourtant, les relations entre-elles apparaissent de plus en plus juxtaposées, moins fréquentes voire tendues. Plusieurs raisons à cela : l’accélération du rythme de travail, l’impact du tribunal médiatique, la sécurité qui impose des badges et réduit ainsi les points possibles de contact, la dureté croissante de la société et donc des audiences, l’impact de l’informatisation et l’automatisation des activités... Autant d’éléments qui dictent les rapports entre professionnels et compliquent la relation. Certes, les tensions ne datent pas forcément d’hier, comme le rappelait un participant et, la problématique peut être très différente en régions avec des tailles de juridictions plus réduites qui autorisent plus facilement les rapports interpersonnels.
Quelques pistes pour renouer le dialogue
Les participants au colloque se sont accordés dans leur volonté de renouer le dialogue et de retrouver le plaisir de travailler ensemble dans un respect mutuel. Car ce dialogue sert la qualité de la Justice rendue. Il peut enrichir les audiences en permettant, par exemple, de réduire le risque d’erreur. Ce dernier s’est d’ailleurs toujours noué dans le respect de « la foi du palais », temps confidentiel d’échanges entre professionnels. Ces constats faits, quelles sont les pistes à envisager ? Magistrats et avocats se rejoignent sur le rôle de la formation initiale qui favorise les moments de découverte des univers respectifs de chacun. De même, la formation continue, commune et répétée, peut-elle permettre de jeter de nouvelles passerelles. La construction d’une culture partagée pourrait également passer par des partenariats locaux comme l’a attesté l’expérience lyonnaise autour de la Justice restaurative qui était présentée le 9 mars. Autant de pistes pour éviter un divorce préjudiciable à la Justice et aux justiciables.