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Premier débat public des États généraux de la Justice
Publié le 25 octobre 2021 - Mis à jour le 17 février 2023
Le garde des Sceaux rencontre 300 citoyens près de Lyon
Après le lancement des États généraux de la Justice par le président de la République le 18 octobre 2021, à Poitiers, Éric Dupond-Moretti réunissait trois jours plus tard, près de Lyon, 300 représentants de la société civile sur l'une des plus importantes plate-formes logistiques de France : l’entrepôt du groupe Lise Charmel. Plus de deux heures d’échanges et de débats - sans filtre ni faux semblant - avec le garde des Sceaux autour des questions que posent la justice et de nombreuses suggestions de la salle.
Trois cents personnes réunies en fin d’après-midi dans un immense entrepôt de logistique en banlieue lyonnaise pour parler justice, ce n’est pas commun. Le ministère a pourtant choisi de partir ainsi sur le terrain pour son premier débat des États généraux de la Justice, en présence d'Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux.
Les témoignages, questions et suggestions du public présent ont été riches, nombreux, critiques et constructifs. Parmi ces dizaines d’interventions, celle du maire de la commune avouant sa méconnaissance de la justice et l’image poussiéreuse qu’il en a ; celle du directeur général de Lise Charnel, rappelant comment son groupe a récemment été sauvé par la justice après une cyber-attaque de grande intensité, tout en se plaignant depuis de la longueur de certaines procédures : « Dix mois pour nommer un expert, est-ce normal ? » ; celle de cet autre élu local rappelant que tout maire est officier de police judiciaire sans toujours savoir ce que cela représente en réalité pour lui ; celle encore de cet étudiant ouvertement sceptique sur « ces exercices participatifs en réalité toujours déceptifs » ; celle de ce chef d’entreprise d’autocars se plaignant du « laxisme de la justice incapable de mettre fin au phénomène des jeunes qui s’accrochent derrière nos cars » ; celle de cette éducatrice de la protection judiciaire de la jeunesse disant tout le travail réalisé et réalisable « avec ces jeunes pris individuellement, en dehors des phénomènes de groupe » ; de cette autre participante s’interrogeant sur les possibilités d’accès réel au droit alors que « les symboles de la justice la rendent si inaccessible au citoyen lambda » ; de ce médecin généraliste encore s’inquiétant de la tentation de ses patients à « porter plainte pour un oui ou pour un non » ; de ce représentant d’entreprises de logistique enfin, ne comprenant pas « comment l’on peut être condamné dix ou 15 fois et continuer à narguer policiers et populations »...
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Face à ces interrogations, suggestions, interpellations - toujours constructives -, le garde des Sceaux s’est d’abord félicité de cet exercice démocratique permettant de débattre « sans filtre mais dans le souci d’appréhender la complexité des questions posées ». Il a ainsi rappelé que l’exercice même des États généraux de la justice doit permettre l’expression de cette parole sur tous les sujets justice, « sans tabou » avant d’inviter ardemment les participants à « faire remonter idées, suggestions, critiques sur Parlonsjustice.fr ».
Tout en ne niant pas que beaucoup de choses restaient à faire, il a expliqué certaines politiques publiques menées par le ministère pour tenter de répondre à ces attentes : augmentation de 30 % du budget alloué à la justice en cinq ans ; possibilité bientôt donnée au télévisions de filmer les procès pour permettre à chacun de mieux voir et comprendre ce qui se passe au sein des salles d’audience ; développement de liens directs entre élus locaux et procureurs pour fluidifier leur relation ; augmentation de l’aide juridictionnelle pour financer les frais d’avocats des plus démunis ; présence de Point-justice partout sur le territoire ou encore engagement prochain des élèves de l’École nationale de la magistrature (ENM) pour venir en aide aux justiciables qui en ont le plus besoin...
La soirée n’aura évidemment pas suffi à épuiser tous les sujets ni à esquisser toutes les solutions. Mais le rendez-vous est ainsi donné à chacun tout au long des États généraux de la Justice pour faire connaître ses opinions, voire ses suggestions d’évolutions pour une justice plus proche des citoyens, plus rapide, plus efficace.