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Le palmarès du 5e prix Ilan Halimi
Publié le 14 février 2023 - Mis à jour le 24 avril 2023
La 5e cérémonie du prix Ilan Halimi s’est tenue en présence des ministres Éric Dupond-Moretti, Pap Ndiaye, Rima Abdul Malak, Isabelle Lonvis-Rome au ministère de la Justice.
Le 13 février 2023, Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, accueillait la 5e cérémonie du prix Ilan Halimi en présence de Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, de Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, d’Isabelle Lonvis-Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances.
Cette cérémonie émouvante et symbolique a honoré la mémoire d’Ilan Halimi, jeune français enlevé, séquestré et torturé, mort de la haine antisémite.
La création du prix Ilan Halimi par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) en 2018 est l'une des mesures du plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme 2018-2020.
Ce prix récompense l’engagement de la jeunesse qui se mobilise contre les haines, les inégalités l’ignorance et les stéréotypes. Ouvert aux jeunes de moins 25 ans, il distingue des projets créatifs et inventifs favorisant l’ouverture à l’autre, la fraternité et la solidarité. Il peut s’agir d’actions culturelles, sportives, numériques ou d’interventions auprès du public.
Le jury de l’édition 2023 était présidé par Émilie Frèche, écrivaine et réalisatrice. Il était composé de personnalités du monde du sport, de la culture, de l’éducation, de la citoyenneté et de l’engagement.
Des mineurs du centre pénitentiaire de Liancourt primés
Le jury a choisi de mettre en lumière quatre projets sur la quarantaine de dossiers présentés. Un grand prix et trois prix du jury ont couronné le travail mené par des jeunes enfants et adultes pendant l’année 2022.
Avec leurs mots, les jeunes lauréats ont présenté leur projet et leur démarche, de la genèse à la mise en place et aux effets produits. Les personnes présentes ont chaleureusement salué ces interventions par de longues et vives acclamations.
Les élèves de l’école élémentaire Joliot-Curie à Bagneux (Hauts-de-Seine) ont reçu le prix du jury des mains de Rima Abdul Malak pour leur projet « Petit musée pour la paix ».
Pap Ndiaye a ensuite remis un autre prix du jury aux jeunes du lycée Jean-Guéhenno à Saint-Amand-Montrond (Cher) pour le projet « Autour de la mémoire d’Ilan Halimi ».
Le dernier prix du jury a été décerné par Isabelle Lonvis-Rome au projet « Les Xénophobes Anonymes », du centre social Simone-Veil, à Angerville (Essone)
Enfin, le grand prix Ilan Halimi 2023 a été attribué au centre scolaire du quartier pour mineurs du centre pénitentiaire de Liancourt (Oise) pour leur projet à « Dans leurs Yeux ». Éric Dupond-Moretti a remis le prix au directeur du centre.
"Vous donnez des leçons à bien des adultes"
Le garde des Sceaux a rappelé que « le prix du nom de ce jeune homme de 23 ans tué alors qu’il avait toute la vie devant lui, témoigne de notre volonté à tous, l’État en premier lieu, mais aussi le corps enseignant, le secteur associatif, de sensibiliser notre jeunesse à l’importance de lutter contre toutes les formes de haine raciale. Pour qu’Ilan Halimi ne soit pas mort en vain ».
Le ministre a conclu la cérémonie en soulignant que « nous devons être intraitable à l’encontre de ceux qui répandent la haine », avant de se tourner vers les lauréats et de finir par ces encouragements : « Vous êtes la France que j’aime, vous êtes la France de demain. Vous donnez des leçons à bien des adultes ».
Avec ce prix, la DILCRAH entend mobiliser et récompenser des collectifs de jeunes de moins de 25 ans, dans un cadre scolaire ou non, accompagné d’un majeur référent ayant réalisé une action contribuant à faire reculer les préjugés racistes et antisémites. Les actions lauréates seront valorisées par la DILCRAH et ses partenaires sur l’ensemble du territoire.
Grand prix
« Dans leurs Yeux », centre scolaire du quartier pour mineurs du centre pénitentiaire de Liancourt (Oise)
Le projet a vu le jour pour répondre à une série d’altercations à caractère raciste entre détenus du quartier pour mineurs du centre pénitentiaire en leur donnant des connaissances historiques sur la création des stéréotypes. Ces jeunes détenus ont conçu une exposition interactive de huit affiches, un questionnaire et un quiz sur les préjugés racistes et antisémites.
La réalisation visuelle du projet a été confiée à une classe d’un lycée professionnel en graphisme de l’Oise, dans le cadre de travaux sur les préjugés. L’exposition, le questionnaire et le quiz ont ensuite été soumis à une classe élémentaire comme porte d’entrée à un projet plus global sur le harcèlement.
Le jury a été touché par l’implication originale de jeunes détenus qui répond à une réalité : le racisme en prison. Il a vu dans ce projet une grande valeur pédagogique et préventive et la possibilité de décliner le modèle (quizz, affiches).
Le jury a été particulièrement sensible à la pluralité des publics impliqués, au travail collectif entre ces publics qui normalement ne se croisent pas.
Prix du jury
« Les Xénophobes Anonymes », centre social Simone-Veil à Angerville (Essone)
Un groupe de cinq jeunes du centre social ont créé un projet audio-visuel autour du concept de cohésion. Ce court-métrage fictionnel est inspiré du concept des alcooliques anonymes, et adapté à la xénophobie. Une séance des xénophobes anonymes y est mise en scène au cours de laquelle deux morceaux de rap/slam, composés par les jeunes y sont interprétés.
Le jury a apprécié le format très original, ludique et malin, qui entrecroise, musique, humour noir et pédagogie ainsi que la grande qualité des textes, de la réalisation de la vidéo et de l’implication des deux jeunes rappeurs.
« Petit musée pour la paix », école élémentaire Joliot-Curie à Bagneux (Hauts-de-Seine)
Des élèves d’une classe de CM1/CM2 ont créé un « petit musée pour la paix », où sont exposées une trentaine d’oeuvres qu’ils ont réalisées. Ce musée, situé au coeur de la cité de la Pierre Plate, où fut séquestré Ilan Halimi, aborde les questions de discriminations, racisme, et antisémitisme à travers l’Histoire. Les visites – de parents d’élèves, habitants de la cité, élèves du collège à proximité, toutes les classes de l’école élémentaire – ont été assurées par les élèves eux-mêmes, prenant le rôle de conférenciers de l’exposition.
Le jury a été touché par la démarche de transmission par la jeune génération dans ce quartier traumatisé par le drame d’Ilan Halimi.
« Autour de la mémoire d’Ilan Halimi », lycée Jean-Guéhenno à Saint-Amand–Montrond (Cher)
Le projet, mené par sept élèves de terminale du lycée professionnel est articulé autour de la mémoire d’Ilan Halimi et de l’histoire de la Shoah sur leur territoire. Projection-débat du film « 24 jours », visites des lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale sur leur territoire (découverte des puits de Guerry où 34 juifs furent jetés vivants), porte-à-porte dans un quartier prioritaire de la ville (QPV) pour sensibiliser les habitants à l’antisémitisme et à l’histoire d’Ilan Halimi, publication d’un numéro spécial du journal du lycée sur ce thème.
Point d’orgue du projet, les élèves ont obtenu du maire de la ville la dénomination d’un square au nom d’Ilan, inauguré le 6 décembre 2022 au cours d’une cérémonie publique.
Le public a apprécié les nombreuses situations pédagogiques qui prouvent que le projet s’inscrit dans un temps long et dans le territoire. L’implication de ces jeunes en lycée professionnel et en territoire rural, notamment pour la nomination du square est très touchante.