[Archives] Prévention et lutte contre la récidive

Publié le 21 février 2007

Discours du ministre à l'occasion de la signature de l'accord de partenariat entre la SNCF et le Ministère de la Justice

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Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs,

Merci, Madame la Présidente, pour l'engagement que vous apportez aujourd'hui grâce à cet accord de partenariat que nous allons signer dans un instant, destiné comme vous l'avez rappelé, à favoriser la mise en œuvre des actions de prévention et de lutte contre la récidive.

J'ai été particulièrement heureux d'entendre ce matin les témoignages de tous ceux qui oeuvrent en faveur de la réinsertion des mineurs comme des majeurs, qu'ils soient primo-délinquants ou sortants de prison. Encadrants à la SNCF, éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, conseillers d'insertion et de probation, parrains engagés dans le dispositif du parrainage, juge de l'application des peines, présidents des fédérations sportives, chacun apporte son concours par des actions variées à cette mission essentielle de la Justice : permettre la réinsertion de ceux qui ont à un moment commis des délits. Il suffisait d'écouter les jeunes parrainés pour se laisser convaincre de l'utilité de la réinsertion.

Aujourd'hui, le Ministère de la Justice et la SNCF ont décidé de s'engager dans une nouvelle étape de soutien à la réinsertion des jeunes suivis par la Protection Judiciaire de la Jeunesse et des détenus pris en charge par l'Administration pénitentiaire.

L'engagement de la SNCF et notamment de sa fondation Solidarité est exemplaire. Le Ministère de la Justice recherche en permanence des collectivités territoriales, des organismes publics susceptibles d'accompagner, de contr et d'entourer ceux qui sont suivis par ses services, notamment pour mettre à exécution les travaux d'intérêt général prononcés par les juridictions ou les mesures de réparation pénale qui concernent les plus jeunes. Nos parcours étaient destinés à se rencontrer. Cependant, rien n'aurait été possible sans votre volonté personnelle, Anne-Marie Idrac, de faire se rencontrer ceux qui veulent changer leur vie et ceux qui veulent les y aider.

Les mesures mises en oeuvre par cette accord de partenariat concerneront les mineurs devant accomplir des mesures de réparation pénale ou les condamnés à des travaux d'intérêt général, la préparation à la sortie des détenus, le parrainage des mineurs placés sous main de justice ainsi que des actions sportives.

La variété de ces projets est le gage de leur réussite, car chaque salarié de la SNCF, chaque bénévole de la Fondation Solidarité, pourra trouver l'engagement qui lui correspond. Cependant, ces dispositifs partagent des caractéristiques communes : la responsabilisation, l'éducation à la citoyenneté et l'insertion professionnelle.


La Justice est une école de responsabilité. Le jeune qui a commis des délits doit savoir qu'il devra lui-même les réparer, par exemple effacer des tags.

- S'il a porté atteinte aux biens d'un particulier, il réalisera une mesure de réparation directement en faveur de la victime.

- S'il a porté atteinte aux biens de la collectivité, il effectuera une mesure de réparation placée sous le signe de l'intérêt général. C'est ce que pourra proposer la SNCF à l'égard des wagons endommagés ou pour d'autres actes de malveillance qui mettent en danger tout aussi bien les usagers, le personnel de la SNCF et font courir de graves risques à l'ensemble de la collectivité.

Le recours aux mesures de réparation pénale est particulièrement efficace, 28 000 mesures ont été exécutées en 2005 et 80% des jeunes qui y sont astreints ne récidivent plus.

La Justice exerce aussi une mission d'éducation à la citoyenneté, elle réinstaure ainsi un lien positif entre le jeune et la collectivité, en lui montrant les droits, tout autant que les devoirs qui résultent de la vie en société. Le sport est ainsi une valeur à promouvoir. Il inculque des règles, apprend le respect d'autrui et enseigne la modestie. Il est un apprentissage du dépassement de soi, mais aussi de l'esprit d'équipe. L'engagement des grandes fédérations sportives avec lesquels la Fondation Solidarité SNCF a déjà conclu des partenariats est là aussi exemplaire, les témoignages des présidents de fédération ce matin m'ont particulièrement frappé.

Mais comment peut-on s'engager sur la voie de la réinsertion sans perspective professionnelle claire ? Le travail et la formation sont indispensables aux jeunes et aux détenus pour leur permettre de vivre à nouveau normalement dans la société et assurer ainsi réellement la sécurité des Français.

L'association des Bénévoles Cheminots de la Fondation Solidarité de la SNCF incitera ainsi ses membres à parrainer des jeunes qui ont raté une marche de la vie.
Cette action de parrainage que j'ai initiée l'année dernière est une démarche très simple, comme vous l'avez vu ce matin au travers des images tournées au sein de l'entreprise d'Yves de la Villeguerin. Un chef d'entreprise, un cadre de la nation, un artisan s'engagent à recevoir quelques heures dans l'année un mineur placé sous main de justice ou un jeune majeur pour le conseiller sur son avenir, lui faire découvrir le monde du travail et lui ouvrir son carnet d'adresses.

Aujourd'hui 500 jeunes sont parrainés, nombre d'entre eux ont la chance d'être désormais employés et bénéficient d'une formation qualifiante ou même d'un contrat à durée indéterminée.

La Justice doit également accompagner les détenus dans la préparation de leur projet de sortie. Ainsi, la SNCF pourra proposer aux détenus, par exemple dans le cadre d'un aménagement de peine, d'effectuer un travail d'insertion sur l'un de ses sites. C'est en retrouvant des habitudes professionnelles que les détenus peuvent envisager l'avenir sans crainte. C'est en leur montrant que la société civile leur fait aussi confiance qu'ils pourront persévérer dans leur volonté de réinsertion.

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Mesdames et Messieurs,

Ce n'est pas seulement parce qu'elle est une entreprise publique ou parce qu'elle a une responsabilité sociale que la SNCF s'associe au Ministère de la Justice dans ces projets de réinsertion. C'est surtout parce que ses dirigeants et ses salariés ne veulent laisser personne au bord du chemin.

A tous ceux qui aideront les mineurs et les majeurs suivis par la Justice à reconstruire leur vie, je veux exprimer ma sincère reconnaissance.