Typologie de contenus: Actualité

Valoriser les travaux scientifiques

Publié le 12 janvier 2017

Le garde des Sceaux a remis le Prix Vendôme 2016, qui récompense une thèse de droit pénal, de procédure pénale ou de sciences criminelles intéressant particulièrement le ministère de la Justice. Il a été décerné par le jury à Raphaëlle Théry, avec une mention spéciale à Emilie Dubourg.

.

Temps de lecture :

4 minutes

Les deux lauréates ont reçu leur distinction le 12 janvier 2017 à l’Hôtel de Bourvallais des mains du garde des sceaux. Décerné par un jury composé de magistrats de l’administration centrale et d’universitaires de renom, le Prix Vendôme est organisé conjointement par la Mission de recherche Droit et Justice et la direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la Justice. Il distingue chaque année une thèse de droit pénal, de procédure pénale ou de sciences criminelles intéressant particulièrement le ministère de la justice.

Pour la première fois cette année, un garde des Sceaux remettait le Prix Vendôme à la Chancellerie. L’occasion pour Jean-Jacques Urvoas, après avoir remercié tous les membres du jury, de constater « que les travaux des universitaires sont des outils indispensables à l’action publique. Ils permettent d’acquérir de nouvelles connaissances qui sculptent l’esprit critique. C’est en cela un exercice démocratique » a-t-il poursuivi.

Créé en 2007, par une décision commune de la Mission de recherche Droit et Justice et de la direction des affaires criminelles et des grâces, le prix Vendôme distingue une thèse de droit pénal, de procédure pénale ou de sciences criminelles, portant sur un sujet intéressant particulièrement le ministère de la justice. Depuis 2014, le Prix Vendôme est attribué en partenariat avec la revue Droit pénal (Lexis Nexis). Le prix est d’un montant de 3 000 euros.

Juste avant le discours du garde des sceaux, Robert Gelli, directeur des affaires criminelles et des grâces et président du jury, a rappelé son attachement particulier au Prix Vendôme qui, pour lui, « est le symbole d’une réflexion qui alimente le travail législatif et qui éclaire notre propre réflexion sur les politiques pénales». Il a également invité chacune des lauréates à venir présenter ses travaux aux magistrats de la direction des affaires criminelles et des grâces au cours d’un petit déjeuner de la DACG.

Remettant ensuite le prix Vendôme à Raphaëlle Thery pour sa thèse consacrée au libéralisme pénal, le ministre de la justice a salué « cet incroyable talent d’avoir réussi à être une philosophe parmi les juristes et une juriste parmi les philosophes ». Sandrine Zientara-Logeay, laDirectrice de la Mission de recherche Droit et Justice a tenu également à féliciter la jeune juriste pour son « travail de décloisonnement de nature à renouveler profondément la philosophie sur le sens de la peine ».

Jean-Jacques Urvoas a remis en outre la mention spéciale du jury à la thèse d’Émilie Dubourg portant sur les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) « qui est une belle illustration de ce que peut être une science, c’est-à-dire une matière éminemment humaine » a-t-il estimé. Sandrine Zientara-Logeay se réjouissait pour sa part qu’Émilie Dubourg soit allée « sur le terrain, observer les pratiques. Ce regard est infiniment précieux. » a-t-elle souligné.

Après avoir reçu leur distinction, les lauréates ont pu exprimer leur émotion et leur gratitude. Remerciant le jury et l’assistance, Raphaëlle Thery s’est déclarée « très honorée et fière, et heureuse de contribuer au dialogue entre les disciplines », tout comme Emilie Dubourg, qui se réjouissait d’avoir vécu « une vraie expérience humaine avec des rencontres très riches avec les personnels SPIP. »

Les travaux des lauréates

Raphaëlle Thery « Libéralisme pénal. Principes, enjeux et contradictions d’une institution non idéale » - Prix Vendôme 2016

Unanimement saluée comme une thèse brillante et passionnante, la thèse de madame Thery est avant tout une thèse de philosophie, soutenue en 2015 à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), et codirigée par Patrick SAVIDAN, professeur de philosophie politique à l’Université Paris-Est et enseignant à Sciences-Po Paris, et par Monsieur Bernard HARCOURT, professeur de droit à la Columbia Law School, et directeur d’études à l’EHESS, en charge de la chaire de théorie politique des pratiques juridiques. Elle examine les rapports entre le libéralisme politique et la justice pénale, avec un objectif affiché en introduction de « défendre une approche libérale du droit pénal, tout en soulignant les contradictions qui la traversent et les difficultés qu’elle soulève », notamment l’incompatibilité a priori entre le libéralisme et la peine. La thèse croise les approches philosophique, juridique, historique et sociologique, tout en illustrant son propos d’exemples issus des systèmes judiciaires français et américain.

Émilie Dubourg « Les services pénitentiaires d'insertion et de probation à l'aune de la prévention de la récidive. Fondements juridiques, évolution, évaluation et avenir » - Mention spéciale du jury.

Cette thèse, dirigée par Martine HERZOG-EVANS, professeure de droit à la faculté de Reims, et soutenue en 2015 à l’université de Nantes, a été saluée par le jury qui lui a décerné une mention spéciale, en raison de l’intérêt de ses travaux pour le ministère de la justice. Elle propose une étude systémique des SPIP, visant à montrer comment leurs missions ont évolué, la finalité essentielle de leur intervention passant progressivement de la réinsertion à la prévention de la récidive, dans un contexte où les préoccupations gestionnaires et managériales ont conduit à abandonner l’accompagnement individuel et social des condamnés au profit de la gestion du risque. Articulée autour de réflexions portant sur la rationalisation du fonctionnement et des interventions des SPIP, la thèse ouvre également des perspectives intéressantes sur le concept de désistance.

Lien vers le discours du Garde des Sceaux

Voir le médiaVoir le média

.
.
.
.
.
.