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Un stage de responsabilisation pour conjoints violents à Nanterre

Publié le 18 avril 2019

Crédits photo: Caroline Montagné/MJ/DICOM

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19h précises, dans une petite salle de réunion, au rez-de-chaussée du tribunal de Nanterre. Sept hommes sont assis en demi-cercle. Plutôt mal à l'aise, évitant de croiser le regard des autres. Tous ont fait l'objet d'une mesure de composition pénale pour violences conjugales, n'ayant pas entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à huit jours. Aucun n'a été précédemment condamné pour des faits de même nature.

C’est aujourd’hui la sixième séance. Elle est intitulée «  Les victimes indirectes » et traite des conséquences des violences conjugales sur les enfants ou pendant la grossesse. Précédemment a eu lieu une présentation puis des ateliers portant sur «  le passage à l’acte », «  la loi », «  le couple », «  la victime » ( avec lettre à la victime et lettre de la victime). Les hommes sont soumis aux questions posées par les trois intervenantes du centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) qui, tour à tour, les incitent à l’introspection et leur font prendre conscience de la gravité de leurs agissements.Des échanges vifs mais respectueux

De courts documentaires sont visionnés. On y voit notamment des enfants reproduire dans leurs jeux ou à l’école sur leurs camarades, des gestes violents. Dans une vidéo, un petit garçon tire les cheveux à une poupée, la frappe et l’insulte... Les hommes ont les yeux baissés. Les intervenantes ne leur laissent aucun répit. Ils doivent s’exprimer, dire ce qu’ils ressentent, donner leur avis sur tel ou tel comportement. Elles reprennent leurs propos, les analysent à haute voix, sans aucune complaisance. Les échanges peuvent être vifs, mais toujours respectueux. A les entendre, il paraît incontestable que le travail engagé au cours des cinq séances précédentes, a déjà généré - de manière disparate mais réelle - un début de remise en cause de leur propre fonctionnement. A la question posée «  Un conjoint violent est-il un bon père ? » , il est répondu NON à l’unisson.

Encore d’autres échanges et des témoignages...

Plusieurs d’entre eux ont été violentés pendant l’enfance. Les coups se sont inscrits pour certains dans une banalité ou ont trouvé, pour d’autres, une justification comme réprimandes de comportements fautifs qu’ils auraient pu avoir, enfants. Les intervenantes continuent d’analyser, de pousser ces hommes plus loin encore dans leur questionnement intérieur... Une heure et demie s’est écoulée. Les visages sont graves. Des images d’enfants témoins de coups portés par leur père sur leur mère, reviennent à l’écran. « Quel est votre ressenti, ce soir ? » demande l’une des intervenantes. Ils répondent « TRISTES », renfilent leur blouson et s’en vont. Très vite.

Après l’évaluation, une orientation est proposée

Ils reviendront dans trois jours . Seront évoquées alors «  les stratégies d’évitement ». Puis un bilan dressé, avec une évaluation finale, et une orientation proposée vers des structures ou associations spécialisées. Depuis 2014, date de mise en œuvre de ce stage par le parquet de Nanterre, aucun des auteurs l’ayant suivi, n’a été condamné pour de nouveaux faits de violences intrafamiliales.