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À Mayotte, le voilier « Petite mer » vogue sur les flots

Publié le 02 août 2019

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Il fallait attendre que la marée soit suffisante pour mettre à l’eau le 2ème voilier de l’unité éducative d'activités de jour (UEAJ), ce fût chose faite vers 15h30 le lundi 1er juillet 2019. Baptisé Bahari Tiri, « Petite mer » en Shi Maoré, le bateau est le fruit de trois années de travail, réalisé avec les jeunes pris en charge par la structure. C’est sous les yeux admiratifs du directeur interrégional Île-de-France et Outre-mer, Dominique Simon, et du Préfet de Mayotte, Dominique Sorain, que celui-ci a rejoint la mangrove avec à son bord douze anciens jeunes suivis, tous ayant contribué à sa réalisation à différents stades de la fabrication.

La traditionnelle bouteille de champagne, lancée par la responsable d’unité éducative, Edith Traoré, s’est brisée nette contre la coque du voilier. Mis à la mer, il faut désormais emmener le voilier à son port d’attache, et rejoindre ainsi le premier qui avait été inauguré il y a trois ans de cela. Ils étaient douze à prendre place, tous armés de rames, et étaient tous suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse. C’est sous mandat judiciaire que ces mineurs, désormais majeurs, ont pu s’essayer à la construction d’un bateau sous la houlette d’un professeur technique passionné.

Trois années pour aboutir à un résultat qui n’a rien à envier aux autres bateaux du lagon mahorais, il n’en fallait pas moins pour déceler la grande fierté du groupe de jeunes, tous habillés d’une marinière pour l’occasion, devant le fruit de leur travail. L’aventure avait commencé par la livraison d’un kit puzzle du multimono à la technique de découpe numérique intégrée. Cet investissement de long terme a été soutenu par l’association des croiseurs hauturiers de Mayotte (ACHM), du régiment du service militaire adapté (RSMA) et d’organismes partenaires désireux de transmettre leur savoir-faire artisanal.

Un voilier éco-responsable et entièrement contruit à la main

En kit peut-être, mais aussi éco-responsable et entièrement construit à la main, tel est le parti qui a été pris par l’ensemble des acteurs ayant contribué au projet. Difficulté supplémentaire et non des moindres, aucun des jeunes présents n’a pu contribuer à la construction de ce voilier de bout en bout, il fallait donc que les professionnels apprennent à chaque nouvel arrivant ce qui était attendu et leur transmettre ainsi un savoir-faire. Ce travail de longue haleine n’en a été que plus bénéfique pour chacun des mineurs ayant contribué au projet, ces derniers sortant de l’UEAJ avec une compétence certaine, leur donnant envie pour certains de s’orienter vers les métiers de la mer, un secteur essentiel de l’île où les compétences et les professionnels manquent.

En rejoignant son grand-frère, il rejoint aussi le club de voile basé à Petite-Terre pour servir ainsi à la collectivité, les adhérents du club bien sûr, mais aussi les nombreux groupes qui viennent apprendre la voile, issus de l’Éducation nationale ou du secteur associatif, à l’instar de Mlezi Maoré ou des Apprentis d’Auteuil. La PJJ, quant à elle, bénéficie aussi de créneaux dédiés toutes les semaines pour faire apprendre la voile aux jeunes qu’elle suit, sous le patronage de moniteurs diplômés.

Après la mise à l’eau, l’assistance nombreuse a pu déguster un cocktail préparé par les jeunes avec le précieux soutien du Chef Fabien Gimenez, propriétaire du restaurant gastronomique le Panna Cotta situé à Passamainty, l’une des communes de Mamoudzou, chef-lieu de l’île. Le chef, qui intervient aussi à l’Éducation nationale au lycée hôtelier, est coutumier de la collaboration avec la PJJ puisqu’il fût également le parrain de l’équipe mahoraise présente aux parcours du goût.

S’il n’y a plus de projet d’un nouveau voilier à l’UEAJ, les discussions allaient bon train autour du Kitoo, un bateau plus petit, dont un exemple trônait à l’entrée, pour lequel l’ambition de l’UEAJ est démultipliée. Le dériveur pouvant accueillir deux personnes seulement est plus rapide à fabriquer et permettra d’arriver plus rapidement à un résultat concret pour les jeunes pris en charge, en plus d’être un premier outil très pertinent dans l’apprentissage de la voile. À suivre donc.