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L’affaire Marcel Petiot : un tueur en série sous l’Occupation
Publié le 23 janvier 2020 - Mis à jour le 18 juin 2024
Le 4 avril 1946, après un procès au retentissement tant national qu’international, le docteur Marcel Petiot est condamné à la peine capitale pour l’assassinat et le vol d’au moins 24 personnes. Retour sur le procès d’un tueur en série ayant sévi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Des faits accablants
Le 11 mars 1944, alertée par des voisins accablés par une odeur immonde et une épaisse fumée ressortant du domicile du docteur Petiot depuis plusieurs jours, la police précédée par les pompiers, pénètre dans son hôtel particulier au 21 rue Le Sueur.
Une macabre découverte s’en suit : des restes humains provenant de 27 corps, de nombreuses valises contenant les affaires des victimes. Sous le prétexte d’un faux réseau de résistance, Marcel Petiot attirait les personnes désirant fuir dans sa propriété. Avant de les tuer, il s'emparait de leurs effets personnels.
Caché sous une fausse identité parmi les Forces Françaises de l’intérieur (FFI), il est arrêté le 31 octobre 1944, 7 mois après la découverte du charnier.
Un procès exceptionnel
Le 18 mars 1946, le procès du docteur Petiot s’ouvre. Le contexte d'un conflit a tendance à occulter la perception de délits et de crimes relevant du droit commun. A cet égard, l’affaire Petiot se révèle singulière.
Considéré comme « Le » procès médiatique de la Seconde Guerre mondiale, il a un retentissement mondial, comme celui de Landru au moment de la 1ère Guerre mondiale.
« L’un des plus grands procès de l’histoire criminelle » titre le journal Le Figaro le 17 avril 1946.
Surnommé « Docteur Satan » ou « Barbe bleu des temps modernes » par la presse, la médiatisation de l'affaire va avoir une incidence sur la stratégie de défense du Docteur Petiot.
Une défense singulière et risquée
Au-delà de l’aspect truculent et théâtral du procès de cette figure du crime, entre demandes d’autographes du public et envolées lyriques de l’accusé, des jurés et même des juges, il est intéressant de noter la défense singulière et risquée de Marcel Petiot.
Assurée par Maître René Floriot, elle s’est axée autour des failles de l’instruction mais surtout sur le fait que les victimes seraient des criminels nazis ou collaborateurs assassinés « pour la France ».
Le docteur a une place centrale dans sa défense. Invectivant les magistrats supposément restés fidèles au régime de Vichy, il adopte une posture de héros de la résistance qu’il maintiendra jusqu’aux derniers instants du procès. Néanmoins, il apparait que ses victimes sont essentiellement des Juifs, ou des malfrats désireux de se faire oublier.
Dans la même veine, Maître René Floriot, ne plaide ni l'irresponsabilité pénale, ni la folie qui aurait pu sauver son client de la guillotine. Dès le début de sa plaidoirie, il souligne l’impact induit par l’exposition médiatique de l’affaire nuisant à la présomption d’innocence de son client : « Il est toujours fâcheux pour un accusé de venir devant ses juges (…) précédé d'une opinion qui a été préparée, inconsciemment, et qui, lorsqu'elle voit pour la première fois paraître dans son box le docteur Petiot, dit « C'est un monstre, c'est un assassin, c'est un voleur, c'est peut-être même un sadique ».
Lors de la cinquième audience, la visite par les juges et les jurés du 21 rue Le Sueur, lieu des crimes, finit de les convaincre de la culpabilité de Marcel Petiot. A cette adresse, une cave aménagée avec des doubles portes, une chambre à gaz équipée d'un judas pour regarder l'agonie des victimes, ainsi qu'un puits rempli de chaux vive.
Une condamnation attendue
Après une délibération de 3 heures sur les 135 charges requises contre l’accusé, Marcel Petiot est condamné à mort le 4 avril 1946 pour le meurtre prémédité de 24 des 27 victimes retenues.
Il est guillotiné le 25 mai 1946 à la prison de la Santé sans que le mystère de son butin, issu du pillage de ses victimes, ne puisse être résolu.
Alexandre Vincent
IFP / Master 2