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La santé des jeunes de 14 à 20 ans pris en charge par la PJJ

Publié le 03 novembre 2008 - Mis à jour le 01 juin 2023

La santé des jeunes de 14 à 20 ans pris en charge par les services du secteur public de la protection judiciaire de la Jeunesse, consommation de produits licites et illicites : le rapport 1997-2004 de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale)

Les préoccupations en matière de santé concernant les jeunes pris en charge par ses services ont conduit la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) à organiser le renouvellement de l'enquête épidémiologique de santé confiée à l'Inserm, sept ans après celle de 1997.

Les données illustrent les conditions de vie et les comportements des jeunes comparés à la population scolaire de l'enquête ESPAD 2003 et à l'enquête PJJ de 1997. Les résultats soulignent des disparités importantes entre garçons et filles PJJ présents dans les services ainsi qu'entre ces derniers et la population scolaire du même âge. Ces jeunes sont issus de milieux familiaux fréquemment marqués par des épreuves vitales (décès du père) et sociales (sortie de l'emploi des parents ou absence d'activité).

Leur vie scolaire est souvent émaillée de péripéties qui aboutissent à l'accumulation de retards ou au "décrochage scolaire". S'ils s'estiment dans une très large majorité bien portants, la différence avec la population scolaire est manifeste concernant les « conduites d'échappement de la vie ordinaire » dont les absences scolaires réitérées, les fugues, les tentatives de suicide ainsi que les comportements de consommations de tabac et de substances illicites.

Parallèlement, leur expérience est fortement marquée par la violence agie mais aussi subie (notamment par des agressions sexuelles). Nombre de ces traits sont particulièrement accentués chez les filles enquêtées. Les consommations de produits psycho actifs sont supérieures à celles de la population scolaire notamment pour le tabac, le cannabis et les autres toxiques illicites. La consommation d'alcool : la consommation est étudiée sous deux angles : la régularité de la consommation (consommation/vie, consommation/mois) et le nombre d'ivresses (durant l'année).

La majorité des jeunes a déjà consommé de l'alcool. La consommation régulière (10 fois par mois et plus) concerne 15 % des garçons et 10 % des filles. En l'espace de 7 ans, on constate surtout une diminution des ivresses : près d'un jeune sur quatre l'a été au moins trois fois dans l'année. L'âge de la première ivresse est situé avant l'âge de 15 ans pour tous, avec un rajeunissement chez les filles depuis 1997. Avec l'âge, la consommation des jeunes augmente sensiblement.

On relève, dans la population PJJ, que la différence entre les sexes dans ce domaine s'est estompée entre 1997 et 2004, alors qu'en population scolaire, les filles demeurent nettement moins consommatrices que les garçons. La consommation de tabac : le tabac est le produit le plus largement consommé par les jeunes PJJ. Actuellement, 59 % des garçons et 62 % des filles fument au moins une cigarette par jour. 32 % des garçons et 40 % des filles fument au moins 11 cigarettes par jour. L'âge de la première cigarette se situe entre 12 et 13 ans avec une précocité chez les filles. La proportion de fumeurs augmente avec l'âge notamment les fumeurs quotidiens. Le tabagisme quotidien des jeunes PJJ (plus d'un jeune sur deux) est plus accentué qu'en population scolaire (un jeune sur trois). Mais la diminution du nombre de fumeurs notamment réguliers constatée depuis quelques années est aussi observée chez les jeunes PJJ (-21% chez les garçons, -23 % chez les filles). La consommation de produits illicites : sept types de substances illicites ont été pris en compte dans l'enquête : cannabis, produits à inhaler, amphétamines, cocaïne, héroïne, hallucinogènes et ecstasy.

Le cannabis est le premier produit illicite consommé par les jeunes (65 % des garçons, 66 % des filles). La consommation régulière (au moins 40 fois durant la vie) concerne plus d'un tiers des jeunes PJJ. L'âge de la première consommation se situe à 14 ans.

L'ecstasy occupe la seconde place (durant leur vie, 14 % des garçons et 24 % des filles en ont pris au moins une fois, 4 % des garçons et 8 % des filles en ont pris au moins 10 fois).

Les produits à inhaler concernent 11 % des garçons et 19 % des filles qui en ont déjà pris durant leur vie, 2 % des garçons et 7 % des filles en ont pris au moins 10 fois.

La cocaïne occupe une place importante, surtout parmi les filles. Ainsi, durant la vie, 21 % des filles contre 9 % des garçons en ont pris, 6 % des filles contre 1 % des garçons en ont pris au moins 10 fois.

Les autres substances occupent une place non négligeable. Ainsi, près de 14 % des filles et 10 % des garçons ont déjà pris des amphétamines. Près de 11 % des filles et 5 % des garçons ont déjà pris de l'héroïne, un peu plus de 8 % des filles et près de 5 % des garçons ont déjà pris des hallucinogènes. Les filles apparaissent globalement plus consommatrices que les garçons. Avec l'âge, la consommation s'accroît quelle que soit la substance.

Depuis 1997, la consommation de toutes les substances illicites a augmenté. Par contre, les produits licites, comme le tabac et l'alcool, sont en baisse. L'augmentation de la consommation de cannabis constatée en population scolaire existe aussi en population PJJ où la consommation demeure supérieure. Par contre, la consommation des autres substances illicites chez les jeunes PJJ a nettement augmenté alors que ce phénomène est resté stable en population scolaire.


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