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Publié le 04 décembre 2023 - Mis à jour le 05 décembre 2023

Situé à une dizaine de kilomètres de Caen, le centre pénitentiaire de Caen-Ifs a été mis en service le 3 décembre 2023. Alliant enjeux sécuritaires, sociaux et environnementaux, il s’inscrit dans le plan 15 000 places de prison qui vise à lutter contre la surpopulation carcérale et à développer le travail en détention.

La façade du centre pénitentiaire de Caen-Ifs : un bloc gris-beige avec une porte marron
La façade du centre pénitentiaire de Caen-Ifs

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Plus de 300 personnes détenues à la maison d’arrêt du centre-ville de Caen ont été transférées au centre pénitentiaire de Caen-Ifs dans la nuit du 2 au 3 décembre 2023, après plusieurs mois de travail des personnels et forces de sécurité intérieure pour préparer le transfert et l’installation des détenus.

La construction de ce nouveau centre pénitentiaire, qui fait partie du plan 15 000 places de prison, a nécessité 30 mois de travaux. Il a été achevé à l’été 2023. Mené par l’Agence publique pour l’immobilier de la justice (Apij), ce chantier comportait une dimension sociale, puisque 60 000 heures d’insertion ont été effectuées par des demandeurs d’emploi ou des bénéficiaires du RSA dans le cadre d’un parcours de professionnalisation.

Une capacité d’accueil plus importante

Avec 551 places, le centre pénitentiaire de Caen-Ifs a permis de créer 282 places nettes. Il se compose de 15 bâtiments répartis sur 18 hectares. Il comprend :

  • deux quartiers maison d’arrêt pour hommes de 160 places chacun
  • un quartier « respect » de 124 places
  • un quartier pour femmes de 41 places
  • un quartier pour mineurs de 15 places
  • un quartier d’accueil et d’évaluation de 51 places
  • un quartier d’isolement et un quartier disciplinaire de 14 places chacun
  • quatre unités de vie familiale et quatre parloirs familiaux, qui participent au maintien des liens avec les proches.

Une structure d’accompagnement à la sortie (SAS) de 90 places, située sur une parcelle mitoyenne du centre pénitentiaire, sera prochainement mise en service.

Proposer des parcours de détention diversifiés

Au centre de l’établissement, le pôle consacré à l’insertion et à la prévention de la récidive (PIPR) comprend des salles d’activité, une bibliothèque, du matériel informatique et une salle de création audiovisuelle.

Des espaces sont dédiés au travail et à la formation. De nombreuses personnes détenues ont manifesté leur intérêt pour travailler, que ce soit au service général (cuisine, buanderie, maintenance, nettoyage des locaux…) ou aux ateliers (façonnage, conditionnement). Les détenus peuvent aussi être formés à la boulangerie, au sein d’une structure par l’insertion par l’activité économique.

L’amélioration de la qualité de la prise en charge des détenus, avec une plus grande diversification des parcours de détention, va de pair avec des conditions de travail améliorées et des pratiques professionnelles plus variées. À terme, 330 personnes travailleront au sein du centre pénitentiaire et de la SAS.

Entretien avec Jean-Marie Landais, directeur du centre pénitentiaire de Caen-Ifs

Plus de 300 détenus ont été transférés de l’ancienne maison d’arrêt du centre de Caen au nouveau centre pénitentiaire de Caen-Ifs. Comment organise-t-on une opération de cette ampleur ?

"C’est un travail mené depuis plusieurs mois avec l’ensemble des parties-prenantes concernées. La direction interrégionale de l’administration pénitentiaire Grand-Ouest a piloté le transfert, en concertation étroite avec la préfecture, l’établissement et les services de l’État impliqués, notamment les forces de l’ordre et le service départemental d’incendie et de secours. Nous avons par ailleurs mené un travail préparatoire avec les différents services de l’établissement et l’encadrement de détention pour organiser le plus précisément possible cette opération (circuits empruntés sur les deux établissements, affectation des personnes détenues dans les différents convois, constitution des équipes de surveillants…). Tout est minuté."

Quels types de personnels ont été impliqués ?

"Au total, plus de 260 personnels pénitentiaires ont contribué à cette opération, ainsi qu’une centaine d’agents des forces de sécurité intérieure et des services de secours.

Les surveillants, l’encadrement et les Eris [équipes régionales d'intervention et de sécurité], venus de toute la France, ont bien sûr été fortement mobilisés. Les personnels administratifs (la comptabilité, le bureau de gestion de la détention, le greffe…) ont assuré le suivi administratif des détenus (comptes nominatifs, comptes téléphoniques, permis de visite…) et procédé à la levée d’écrou puis la mise sous écrou à l’arrivée. Les personnels du service pénitentiaire d’insertion et de probation étaient présents pour communiquer avec les détenus à leur arrivée au centre pénitentiaire de Caen-Ifs et faire le lien avec les familles. La prise en charge médicale et la distribution des traitements ont été assurées par des soignants rattachés au centre hospitalier universitaire de Caen."

Les personnes détenues ont-elles été préparées à ce transfert ?

"Nous avons mis en place un certain nombre d’actions envers les personnes détenues. Tout d’abord, une présentation globale du nouvel établissement lors de réunions d’information : les différents secteurs d’hébergement, la vie quotidienne en détention, l’organisation des parloirs... Des informations plus spécifiques leur ont également été données, notamment sur les possibilités d’accès aux activités, au travail et aux formations, mais aussi sur les cantines. Enfin, nous avons mené des entretiens avec chaque détenu pour déterminer l’affectation la plus adaptée et procéder à l’évaluation du risque suicidaire. Ce travail de communication est indispensable pour accompagner ces changements importants."