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Défilé du 14-Juillet : rencontre avec Stéphane Raberin, chef de corps

Publié le 05 juillet 2024

Savez-vous ce qu’est un chef de corps lors du défilé du 14-Juillet ? À l’occasion des préparations du défilé militaire, nous avons échangé avec Stéphane Raberin qui occupe cette fonction clé dans l’organisation et le bon déroulement de cet événement. Il explique son rôle, ses missions avant et pendant le défilé et les enjeux de l’édition 2024.

Stéphane Raberin, chef de corps du défilé du 14-Juillet 2024 lors des entraînements.

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Vous êtes le chef de corps de la délégation, quels sont votre rôle et vos missions avant et pendant le défilé ?

Cette année, je serai à la fois le responsable de la mission et le chef de corps de la délégation de l’administration pénitentiaire.

Ma fonction de responsable du défilé national du 14-Juillet m’amène, dix mois avant l’échéance, à piloter et organiser la chefferie de projet à partir du retour d’expérience de l’année précédente. Vient ensuite l’aspect plus opérationnel du projet, incluant la réflexion et la définition du schéma de l’édition suivante, les présélections et sélections avant de débuter la préparation technique des défilants.

En tant que chef de corps, je participe aux entraînements mis en place à l’École nationale de l’administration pénitentiaire (ENAP), à Agen, puis aux réunions et répétitions centralisées en région parisienne.

Le matin avant le défilé, je dois m’assurer de la mise en place de la délégation sur l’axe de revue par le chef de l’État puis sur l’axe de défilé.

Pendant le défilé, je m’attache à maintenir la bonne distance par rapport à l’unité précédente, tout en veillant à amortir les ralentissements et les accélérations pour ne pas perturber le peloton derrière moi.

Quels sont les critères de sélection pour faire partie des défilants ?

Les agents de l’administration pénitentiaire, dotés d’un uniforme et qui souhaitent intégrer le groupe, doivent renseigner le dossier de candidature diffusé en début d’année. Une présélection est effectuée parmi les dossiers reçus au regard des motivations du candidat, de son grade, son âge, sa pratique sportive et de l’avis hiérarchique.

Sur la base des dossiers retenus, une épreuve de sélection est mise en place à l’ENAP. Celle-ci comprend un entretien avec l’équipe technique, un entretien avec le service communication, des tests sportifs et de posture, des essayages de l’uniforme de cérémonie.

Cette année, un groupe de 52 participants (49 défilants et trois remplaçants) a été constitué à l’issue des sélections. Il doit, autant que faire se peut, illustrer la diversité des fonctions et des métiers de l’administration pénitentiaire, en tenant compte de la proportion femmes-hommes.

En tant que chef de projet et en lien avec le cabinet du directeur de l’administration pénitentiaire, je veille à ce que toutes les directions interrégionales soient représentées.

« La progression de l’unité défilante durant ces deux semaines est d’autant plus remarquable que l’ordre serré n’entre pas dans la formation des personnels pénitentiaires, contrairement à la majorité des autres troupes participantes. »

Comment se déroulent la formation et les répétitions du défilé ?

La formation commence par deux semaines d’entraînement à Agen, soit à partir du 24 juin. Ces entraînements débutent par les manœuvres de « plein pieds » puis des exercices d’ordre serré, d’abord centrés sur la marche au pas cadencé en respectant les alignements, pour finir par la totale synchronisation du mouvement de balancier des bras.

Le 6 juillet, la délégation rejoint la région parisienne pour y effectuer des repérages et des répétitions avec les autres troupes défilantes sous la direction des autorités militaires rattachées au gouverneur militaire de Paris. Ces enchaînements visent à évaluer le niveau technique des troupes et leur capacité à défiler ensemble en respectant strictement les distances inter-unités.

Quel est le plus compliqué à appréhender pour les défilants ?

Je dirais deux choses : la synchronisation du mouvement des bras et la gestion des émotions.

Si la marche au pas cadencé est relativement vite assimilée, la synchronisation du mouvement des bras demande beaucoup de travail, des efforts constants et très soutenus. Pour les défilants, c’est un enjeu majeur pour la création d’une harmonie au sein du peloton.

Par ailleurs, la gestion des émotions, notamment le stress, s’avère primordiale. En effet, une mauvaise gestion du stress ou une trop grande appréhension peut inhiber certains défilants dans les moments décisifs, comme la première répétition devant les autorités militaires, sans parler du défilé du 14-Juillet.

Pour tenir compte de ces enjeux, le programme des entraînements à Agen contient des exercices variés et orientés permettant de travailler ces facteurs importants. La progression de l’unité défilante durant ces deux semaines est d’autant plus remarquable que l’ordre serré n’entre pas dans la formation des personnels pénitentiaires, contrairement à la majorité des autres troupes participantes.

« La réussite de cette mission de représentation tient aussi à la cohésion de groupe, à l’attention portée à l’autre et à l’entraide mutuelle développées durant ces trois semaines. »

Quelle est selon vous la valeur qui unit les agents qui défilent ?

Je pense que c’est l’engagement au service de l’État, illustré par la volonté des agents qui participent au défilé du 14-Juillet de représenter l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire.

La réussite de cette mission de représentation tient aussi à la cohésion de groupe, à l’attention portée à l’autre et à l’entraide mutuelle développées durant ces trois semaines.

Cette année le défilé sera sur l’avenue Foch. Quelles sont les contraintes et les difficultés techniques de ce parcours inédit ?

A priori, la première difficulté sera la séparation du peloton devant la tribune présidentielle, qui n’a jamais été réalisée par l’administration pénitentiaire jusqu’à présent.

La configuration de l’avenue Foch imposera également des virages très serrés après l’éclatement de la troupe. Cela apparaît comme une difficulté technique majeure et nécessitera d’autant plus d’efforts lors des entraînements.

Vous faites partie de la mission 14-Juillet depuis sa création en 2016. Comment abordez-vous votre dernière participation au défilé ?

Je l’aborde avec une motivation intacte cette année encore.

Je suis conscient que nous devrons tous faire preuve d’adaptation et de réactivité compte tenu des changements de lieu et de schéma de défilé pour cette édition. Je reste concentré sur cette mission et déterminé à la réussir. À travers le défilé des agents de l’administration pénitentiaire, c’est le ministère de la Justice qui est représenté.

À l’issue de cette dernière participation, il me restera la satisfaction d’avoir contribué à la création et à la structuration de cette aventure, avec l’élaboration d’un processus à présent parfaitement formalisé. Je n’oublie pas que rien n’aurait été possible sans l’équipe pluridisciplinaire créée à l’ENAP, constituée d’agents engagés, compétents, totalement dévoués à cette mission, notamment dans les semaines précédant le défilé national.