Typologie de contenus: Actualité

« Enfants maudits » : dans l’enfer d’un pénitencier pour mineurs

Publié le 26 novembre 2019

Dans le documentaire « Enfants maudits », le réalisateur Cyril Denvers fait surgir du passé des mineurs détenus à la Petite Roquette, à Paris. Un pénitencier pour enfants considéré au XIXe siècle comme moderne par son architecture et ses méthodes. En réalité, « un lieu secret, indigne de la République ».

Temps de lecture :

2 minutes

« Pourquoi me laissez-vous dans cette souffrance extrême ? » Début du XXe siècle, à Paris. À la Petite Roquette, un pénitencier pour enfants ouvert en 1836, des jeunes garçons enfermés dans leurs cellules individuelles, contraints au silence, n’ont d’autre moyen d’expression que l’écriture. Dans les lettres adressées à leur famille – confisquées par l’administration donc jamais reçues – ils témoignent de l’enfer qu’ils y vivent et supplient souvent de venir les chercher.

Des lettres retrouvées dans une malle

Plus d’un demi-siècle plus tard, certaines de ces lettres, rédigées entre 1909 et 1912, ont été retrouvées dans une malle par la famille de Yann Bisiou, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles, dans une maison en Normandie. Cyril Denvers s’est basé sur ces documents inédits pour concevoir le documentaire « Enfants maudits ». Pour donner voix aux mots, le réalisateur a fait appel à de jeunes comédiens. Un travail récompensé au festival de Luchon 2019 (prix de la mise en image et prix du public).

La misère en prison

De 1836 à 1929, des milliers d’enfants seraient ainsi passés dans les 500 cellules de la Petite Roquette. Les plus jeunes avaient sept ans. Des « Apaches » accusés de vols ou crimes, mais pour la plupart des vagabonds et des « garçons de la correction » enfermés à la demande de leurs parents sur simple plainte et sans preuve.

« À l’époque, il n’y a pas de prise en charge sociale. Quand un enfant est en difficulté, on le met en prison. Il est posé. On va se dire « qu’est-ce qu’on en fait ? ». […] C’est la misère en prison », explique Yann Bisiou dans le documentaire. Les mineurs n’avaient pas de droits spécifiques. La justice les traitait comme des adultes. Le premier tribunal pour enfants est créé vers 1912. En 1974, la Petite Roquette est détruite. Aujourd’hui, un parc la remplace.

Le documentaire “Enfants Maudits” est disponible en replay sur le site Internet de France Télévisions jusqu’au 20 décembre 2019.