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« On plante des graines que l’on voit pousser plus tard »

Publié le 28 février 2020

Rencontre avec Maxime, éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)

Maxime Provot est éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) au foyer de Villiers-le-Bel (95). Il présente son parcours et son métier « d’accompagnateur » auprès des jeunes pris en charge par la justice des mineurs.

Maxime Provot, éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)

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Maxime Provot travaille depuis cinq ans comme éducateur pour la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Avant de prendre en charge des adolescents de 16 à 18 ans au foyer de Villiers-le-Bel (95), il a travaillé en prison dans un quartier pour mineurs et en milieu ouvert à Nanterre (92). 

Et c’est là toute la richesse de ce métier qui permet de travailler dans des environnements variés, « avec les familles, les magistrats, les psychologues, l’école, etc. Tous ceux qui œuvrent pour permettre au jeune de s’en sortir » explique Maxime.

Accompagner, éduquer, insérer

L’éducateur a trois volets d’action. Un volet judiciaire : il participe aux audiences, rédige notes et rapports aux magistrats… Un volet « préparation à l’insertion » : il aide le jeune à faire son CV, trouver des pistes de métier ou de formation, faire ses papiers d’identité… Et un volet « gestion du quotidien » : il lui apprend les règles de vie, lui parle d’hygiène, de santé, de sexualité…

Au-delà de la pluridisciplinarité, Maxime apprécie de se rendre utile – « un problème traité à la base peut se résoudre plus facilement » – le côté humain de la profession. « Souvent, les mineurs nous rappellent pour nous donner de bonnes nouvelles : « je me suis fiancé, j’ai obtenu le bac, un emploi… ». On plante de petites graines que l’on voit pousser un, deux, cinq ans plus tard. »

On oublie le télétravail

Pourtant, le quotidien n’est pas toujours rose. « On ne peut pas se dire « aujourd’hui, je n’ai pas très envie d’y aller, je télétravaille ! ». On doit parfois faire les nuits, les week-ends, intervenir dans une bagarre… Quand on réveille un jeune sujet aux terreurs nocturnes à 6h30, il peut nous appeler par des noms qui piquent un peu dans un premier temps… Mais on se forme, on se prépare à cela. Au final, cela reste des enfants face à nous. Beaucoup de mineurs délinquants sont avant tout des victimes de situations que l’on n’aurait jamais imaginées. Et quand on a créé du lien avec eux, cassé les barrières, les échanges deviennent plus fluides. »

« Pourquoi je ne vais pas au ciné avec un éducateur ? »

Qu’est-ce qui a poussé Maxime dans cette voie ? « Jeune, j’ai connu des gens suivis par un éducateur. Je me demandais pourquoi je n’en avais pas. Pourquoi je n’allais pas au ciné avec lui… Après le bac, je me suis inscrit en master sciences de l’éducation, à la fac. C’est là que j’ai commencé à entendre parler de la prise en charge des mineurs délinquants et de la PJJ. Comme beaucoup, j’ai traduit par « police judiciaire de la jeunesse ». Puis j’ai échangé avec des intervenants et j’ai creusé la piste. »

Pour devenir éducateur, il faut passer un concours (niveau bac+3) mais on peut commencer par être contractuel. S’ensuit une formation de 18 mois à l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ), à Roubaix (59). Celle-ci mêle cours magistraux et périodes de stages avec découverte du terrain. Une fois diplômé(e), vous choisissez votre affectation en fonction de votre classement de sortie. Un parcours suivi par Maxime pour devenir le professionnel qu’il est aujourd’hui. « Et je ne regrette pas. »      

Si vous voulez devenir éducateur de la PJJ, vous pouvez vous inscrire au concours jusqu’au 8 juillet 2020 à minuit, heure de Paris.